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Il existe des mots qui capturent l’essence d’une époque, des termes qui traduisent un malaise profond et collectif. Le sanrontisme est de ceux-là. Il désigne cet état d’indifférence généralisée où la société assiste à son propre effondrement sans réagir, où les valeurs fondamentales se décomposent dans une atmosphère de résignation et de peur. C’est le symptôme d’un pays qui se désagrège sous les yeux de ses citoyens, tandis que ceux qui devraient sonner l’alarme préfèrent se taire ou détourner le regard.
Dans ce contexte, l’effondrement est total : les institutions s’effacent, la famille démissionne, l’éducation s’effondre, et la société s’abandonne à une fatalité destructrice. Ce silence collectif, loin d’être anodin, est en réalité l’un des moteurs les plus puissants du déclin d’une nation.
Dans une société où le sanrontisme s’installe, la dégradation ne survient pas brutalement, mais par une accumulation de petits renoncements, de petites lâchetés, de petites injustices tolérées. Ce qui était autrefois impensable devient acceptable, puis normal. La corruption n’étonne plus, l’insécurité devient une fatalité, l’incompétence au pouvoir ne choque plus.
Les institutions censées garantir l’ordre et le progrès ne sont plus que des coquilles vides. La justice se tait face aux abus, l’administration devient un fardeau plutôt qu’un service au citoyen, et les autorités ne servent plus que leurs propres intérêts. L’État, au lieu d’être le garant du bien-être collectif, devient un espace où chacun cherche à tirer profit, pendant que le reste de la population sombre dans l’amertume et la désillusion.
Mais plus encore que ces dysfonctionnements, c’est l’acceptation passive du chaos qui est le véritable danger. Lorsqu’un peuple cesse d’exiger des comptes, lorsqu’il considère l’injustice comme un élément normal du paysage, alors il accepte implicitement sa propre soumission. L’histoire nous apprend pourtant que les nations qui sombrent ne sont pas seulement celles qui ont de mauvais dirigeants, mais surtout celles où le peuple abandonne son rôle de gardien de l’équilibre social.
Là où les institutions faiblissent, la famille devrait être un refuge, une structure de résistance face au chaos. Or, dans le contexte du sanrontisme, elle aussi s’effrite.
Autrefois considérée comme la cellule de base de la société, la famille était un espace de transmission des valeurs, d’apprentissage de la discipline et de la responsabilité. Aujourd’hui, elle est en crise. Les parents, fatigués, dépassés ou résignés, n’assument plus leur rôle éducatif. L’éducation des enfants est laissée à la rue, aux écrans, ou pire, aux influences négatives d’un environnement sans repères.
Le respect de l’autorité parentale s’efface peu à peu, et les jeunes grandissent dans une société où le modèle dominant devient celui de la survie individuelle, de l’opportunisme et du mépris des règles. L’idée même de construire un avenir collectif est rejetée au profit d’une mentalité du “chacun pour soi”.
Ce renoncement parental a des conséquences directes sur l’avenir d’une nation. Une jeunesse sans repères, sans éducation et sans vision devient une proie facile pour toutes les formes de dérives : violence, délinquance, fuite à l’étranger ou soumission aveugle à des leaders sans scrupules.
L’effondrement de la famille est aggravé par la crise du système éducatif. Dans une société gangrenée par le sanrontisme, l’école ne joue plus son rôle de moteur du progrès social. Elle devient un simple passage obligé, une formalité qui ne garantit plus ni le savoir, ni la réflexion critique, ni l’éveil à la citoyenneté.
Les enseignants, démotivés ou mal formés, ne transmettent plus que des bribes de connaissances. Les élèves eux-mêmes ne voient plus l’éducation comme un levier d’ascension sociale, mais comme une contrainte qu’il faut subir avant de se retrouver livrés à un monde sans opportunités.
Pire encore, la dévalorisation du savoir dans la société mène à une glorification de la médiocrité. Les modèles de réussite ne sont plus ceux qui travaillent dur, mais ceux qui trichent, qui profitent du système ou qui utilisent la force pour s’imposer. Dès lors, à quoi bon apprendre, à quoi bon réfléchir, si la société elle-même récompense ceux qui ne respectent aucune règle ?
L’un des aspects les plus dangereux du sanrontisme est qu’il transforme chaque citoyen en complice involontaire du déclin. Ce n’est pas seulement l’État qui est responsable, c’est aussi le peuple qui accepte et se tait. Ce silence est souvent justifié par la peur : peur des représailles, peur du rejet, peur de perdre ce que l’on possède. Pourtant, l’histoire a montré que les peuples qui se libèrent sont ceux qui refusent la peur et choisissent l’action.
Le sanrontisme est un poison, mais il n’est pas une fatalité. Il est le fruit d’une accumulation de renoncements, mais aussi d’un manque de prise de conscience collective.
Il est encore temps de briser ce cercle vicieux. Pour cela, plusieurs actions sont essentielles :
– Refuser le silence et nommer les problèmes : Tant qu’une société refuse de voir sa propre déchéance, elle ne pourra pas s’en relever. Il est urgent de dénoncer, d’interpeller et de réclamer des comptes à ceux qui dirigent et administrent.
– Réinvestir la famille comme fondement des valeurs : La transmission des repères et des principes doit redevenir une priorité. Chaque parent, chaque aîné, chaque éducateur a un rôle à jouer dans la formation d’une génération responsable et engagée.
– Réhabiliter l’éducation comme outil de transformation sociale : L’école ne doit pas seulement former des individus à trouver un emploi, mais aussi à penser, à critiquer et à construire. Il est impératif de redonner à l’éducation sa place centrale dans la société.
– Encourager l’engagement citoyen et collectif : Une nation ne se construit pas sur l’indifférence, mais sur l’action de citoyens conscients et impliqués. L’avenir ne peut être confié uniquement aux élites ; il appartient à chaque individu de jouer son rôle.
Le sanrontisme est un fléau qui tue lentement une nation. Il se nourrit du silence, de la peur et de l’indifférence. Mais chaque société a le pouvoir de renverser la tendance. Il suffit de le vouloir, de se lever et de refuser la fatalité.
L’avenir ne se construit pas en regardant un pays s’effondrer sans réagir. Il se construit par ceux qui osent parler, dénoncer, éduquer et s’engager. C’est en refusant le sanrontisme que l’on peut espérer voir renaître une société plus juste, plus forte et plus digne.
Par : Johnny JOSEPH, MED.