Auteur : Emmanuel Son David GUILLAUME

Célébration de la Fête de la Musique au Centre culturel Brésil-Haïti

Pour marquer la Fête de la Musique, célébrée chaque 21 juin depuis 1982, l’Institut français en Haïti, l’Ambassade du Brésil et le Centre culturel Brésil–Haïti ont organisé un grand concert le samedi 21 juin 2025, dans les jardins du CCBH, près de la Place Boyer, à Pétion-Ville. Plusieurs artistes haïtiens et étrangers ont pris part à cette soirée, tenue dans un espace sécurisé malgré le contexte difficile. Le public a pu profiter d’un moment rare de culture, de partage et d’harmonie grâce à la musique.

©️ CCBH

Alors que la ville de Port-au-Prince demeure fragmentée par des zones rouges et des restrictions de circulation permanentes, les jardins du Centre culturel Brésil–Haïti se sont transformés, l’espace de quelques heures, en une enclave culturelle ouverte, apaisée et pleinement investie.

Dès l’ouverture des portes à 16 heures, les visiteurs affluent avec prudence, mais curiosité. Le dispositif de sécurité est visible, les contrôles efficaces, mais non oppressants. Le lieu lui-même, entouré de verdure et de murs protecteurs, offre une forme de répit. À l’intérieur, le décor est sobre, la scène bien posée, les techniciens à l’œuvre. Mais très vite, ce sont les artistes qui prennent possession de l’espace, et du silence parfois pesant de la ville, naît la vibration.

Le groupe Motif Mizik ouvre la programmation avec un alliage soigné de rythmes afro-brésiliens et de percussions haïtiennes. La fusion musicale est maîtrisée, la performance collective, immersive. Puis vient Leyla Mizik, fine voix féminine, dont l’interprétation soul et habitée capte l’attention d’un public déjà conquis. Cisco, figure reconnue des musiques de racines, entre en scène avec ses tambours et réveille les mémoires collectives. Néhémie Bastien réaffirme à son public que sa voix est un outil de conscience. Suivent Lenny Auguste, généreuse et entraînante, Nanm, fusion subtile entre tradition et innovation, et enfin DJ Kemissa, qui clôture la soirée dans une ambiance électro-caribéenne jubilatoire.

L’Ambassadeur de France en Haïti, Antoine Michon, dans une intervention brève, déclare : « Ce que nous vivons ici, ce soir, c’est plus qu’un concert : c’est un passage, un carrefour entre les cultures d’Haïti, du Brésil et de la France. » L’image frappe, le ton est juste. À ses côtés, Neno Garbers, directeur du Centre culturel Brésil–Haïti, salue la résilience du peuple haïtien et la puissance fédératrice de l’art. Plusieurs représentants du Ministère haïtien de l’Intérieur étaient également présents.

Dans une ville en alerte constante, la tenue de cette Fête de la Musique a relevé d’un équilibre subtil entre sécurité, diplomatie et volonté culturelle. L’absence de débordement, la qualité de l’accueil et la rigueur de l’organisation sont à saluer. Mais surtout, ce rendez-vous a rappelé une évidence souvent oubliée dans les chaos répétés d’Haïti : la culture n’est pas un luxe, mais un besoin vital. Une nécessité sociale, un rempart contre la fragmentation, un espace de survie symbolique.

La Fête de la Musique 2025 s’est jouée non seulement sur scène mais aussi dans chaque pas franchi pour atteindre le lieu, dans chaque regard croisé dans l’assistance, dans chaque note de musique libérée contre le silence menaçant. Elle fut un acte de présence, de courage et d’espoir. Une brèche ouverte dans un quotidien verrouillé.

Par : Emmanuel Son David GUILLAUME | RTMI

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