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« Privé une personne de ses droits fondamentaux revient à contester son humanité ». Il a insisté sur le fait que « défendre les droits humains n’est pas uniquement un exercice intellectuel, mais un devoir moral et un acte de résistance citoyenne ».

À l’occasion de la commémoration des 77 ans de la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH), l’Institut national pour la Défense des Droits économiques, sociaux et culturels (INDDESC) a organisé, le 10 décembre 2025, un forum de réflexion à l’hôtel Montana autour du thème : « Gouvernance, justice et droits humains : garantir l’État de droit en Haïti ». Plusieurs personnalités issues du secteur des droits humains, du monde judiciaire et de la société civile ont pris part à cette rencontre.

La Journée mondiale de la Déclaration universelle des droits de l’homme, commémorée chaque année le 10 décembre, est un moment de rappel et de réflexion sur les principes fondamentaux de dignité, de liberté et d’égalité. En Haïti, cette commémoration intervient dans un contexte national particulièrement préoccupant, marqué par l’effondrement progressif des institutions publiques, une justice fragilisée et une dégradation continue des droits fondamentaux. Selon les constats de terrain dressés par l’INDDESC, les violations des droits économiques, sociaux et culturels atteignent aujourd’hui un seuil critique, illustré notamment par la détérioration des conditions de vie, l’insécurité alimentaire persistante, l’accès limité aux soins de santé et aux services essentiels, le chômage structurel ainsi que l’absence de mécanismes de recours effectifs.
L’institut souligne que ces violations sont étroitement liées à un déficit chronique de gouvernance, à une corruption structurelle et à l’érosion de la confiance du public envers les autorités. Des dysfonctionnements majeurs dans l’administration de la justice ont également été relevés, avec des conséquences directes sur la dignité humaine, les garanties judiciaires et la protection des citoyens.
Face à ce constat alarmant, l’INDDESC a présenté une analyse approfondie de l’état de droit en Haïti, visant à identifier des solutions stratégiques fondées sur les droits humains. Cette démarche entend analyser les déterminants institutionnels, juridiques et socio-économiques qui compromettent le droit à un procès équitable, évaluer l’impact transversal de la corruption sur les droits humains, notamment les droits économiques, sociaux et culturels, et formuler des recommandations opérationnelles susceptibles d’alimenter les réformes, le plaidoyer et la coopération interinstitutionnelle.
Dans son allocution, le président de l’INDDESC, Me Fredo Jean Charles, a rappelé la portée universelle et morale de la Déclaration universelle des droits de l’Homme en citant Nelson Mandela : « Privé une personne de ses droits fondamentaux revient à contester son humanité ». Il a insisté sur le fait que « défendre les droits humains n’est pas uniquement un exercice intellectuel, mais un devoir moral et un acte de résistance citoyenne ».
La journée a été rythmée par deux panels de discussion. Le premier, consacré au droit à un procès équitable, a examiné les réalités auxquelles font face les personnes détenues en Haïti, à travers une analyse du cadre juridique national, des engagements internationaux et des défaillances structurelles du système judiciaire. Ce panel a réuni Bernard Saint-Vil, doyen du Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, et Fritz Patterson Dorval, commissaire en chef du parquet près ce même tribunal.
Le second panel s’est penché sur la lutte contre la corruption et la protection effective des droits humains, en mettant en lumière la corrélation entre la faiblesse de l’État, les pratiques corruptrices et les violations des droits économiques, sociaux et culturels. Nathalie Wakam Cyprien, avocate et experte en médiation et arbitrage, ainsi que Godson Lubrun, avocat et spécialiste en communication et développement, y ont pris part.
Lors de cet événement, l’INDDESC, par l’intermédiaire de son président, a également procédé à la remise de plusieurs plaques d’honneur. L’une d’elles a été décernée au directeur général de l’Office National de la Migration (ONM), M. Jean Négo Bonheur Delva, en reconnaissance de son engagement institutionnel en faveur de la promotion et de la protection des droits humains.
Au-delà de la symbolique, cette commémoration se veut une démarche analytique, scientifique et stratégique. Pour l’INDDESC, elle constitue un cadre de réflexion collective destiné à produire des connaissances utiles, à éclairer la prise de décision publique et à contribuer à la reconstruction de l’État de droit en Haïti, sur la base de la justice, de l’intégrité et du respect des droits humains.
Par : Wilsonley SIMON | RTMI
simonwilsonley35@gmail.com