Radio Télé Masseillan Info - Plus de sens à l'info!
Le gouvernement haïtien a conclu un accord avec Erik Prince, fondateur de la célèbre société de mercenaires Blackwater et allié influent du président américain Donald Trump, travaille avec le gouvernement d’Haïti « pour mener des opérations létales contre les gangs qui terrorisent la nation », rapporte le New York Times. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une stratégie visant à reprendre le contrôle des zones de Port-au-Prince tombées entre les mains des groupes criminels.
Selon le New York Times, le gouvernement haïtien a récemment sollicité les services de contractants américains, dont Erik Prince, pour mettre en place une task force secrète chargée de localiser et d’éliminer des chefs de gangs. En effet, depuis mars 2025, des drones armés pilotés par l’équipe de Prince seraient déjà en activité sur le sol haïtien, bien qu’aucune neutralisation officielle de figures majeures du crime organisé n’ait encore été confirmée par les autorités ou les partenaires internationaux.
Le contrat, dont les modalités financières n’ont pas été rendues publiques, prévoit également le recrutement de vétérans haïtiano-américains pour constituer une force paramilitaire. Jusqu’à 150 mercenaires pourraient être déployés en Haïti au cours de l’été. Une cargaison d’armes aurait également été expédiée dans le pays, selon des experts en sécurité.
Rod Joseph, un ancien militaire haïtien résidant en Floride et dirigeant d’une société de formation en sécurité, a confirmé avoir été approché par Erik Prince pour recruter du personnel. Il affirme que les plans initiaux semblaient coordonnés avec le gouvernement américain, mais qu’ils sont désormais exclusivement placés sous l’autorité du gouvernement haïtien.
D’après les informations disponibles, Prince envisage aussi le recours à des troupes salvadoriennes et à trois hélicoptères pour mener des actions offensives contre les gangs.
Ce partenariat intervient alors que la situation sécuritaire en Haïti continue de se dégrader. Entre janvier et mars 2025, plus de 1 600 personnes ont été tuées et près de 600 blessées, selon un rapport du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH). Les gangs armés, comme celui baptisé « Viv Ansanm », contrôlent aujourd’hui plus de 80 % de Port-au-Prince et continuent d’étendre leur emprise dans d’autres régions du pays.
Face à cette situation, le gouvernement cherche à reprendre le contrôle de ces zones et à renforcer la capacité opérationnelle de la Police nationale d’Haïti (PNH). Le 27 mai dernier, un Centre de commandement des communications a été inauguré à Port-au-Prince par la PNH, en présence du chargé d’affaires américain Jon Piechowski et d’autres partenaires internationaux.
Des interrogations sur le recours à des forces privées
Bien que le recours à Erik Prince soit perçu comme une tentative de restaurer l’ordre, l’histoire de Blackwater soulève des interrogations. La société a été impliquée dans des incidents graves, dont la mort de 17 civils à Bagdad en 2007, ce qui lui vaut une réputation controversée sur la scène internationale.
À ce sujet, le journaliste américain Michael Deibert a publiquement mis en question la légitimité d’un gouvernement intérimaire, non élu et temporaire, à engager de telles forces étrangères, s’interrogeant également sur les sources de financement d’une telle opération. Deibert, qui suit les groupes armés haïtiens depuis plus de deux décennies, estime que l’introduction de mercenaires liés à Erik Prince dans le contexte actuel pourrait aggraver la crise. Si le département d’État américain confirme avoir investi massivement dans la Police nationale d’Haïti, il a cependant nié tout lien financier avec l’opération dirigée par Prince.
Malgré les précédents de Blackwater, les autorités haïtiennes justifient leur démarche. « Les portes sont ouvertes. Toutes les possibilités doivent être envisagées », a déclaré le ministre de l’Économie et des Finances Alfred Métellus au journal Le Nouvelliste, soulignant la volonté du gouvernement d’explorer toutes les options disponibles pour restaurer la sécurité et soutenir les forces nationales.
RTMI