Radio Télé Masseillan Info - Plus de sens à l'info!
Le gouvernement danois, le 7 octobre 2025, a surpris le monde en annonçant l’interdiction totale des réseaux sociaux pour les enfants de moins de quinze ans. Selon la Première ministre Mette Frederiksen, « les téléphones et réseaux sociaux volent l’enfance de nos enfants ». Cette décision, dans un pays pourtant pionnier du numérique à l’école, soulève, à notre avis, une question essentielle : Haïti pourrait-elle suivre cet exemple ?
Une jeunesse hyperconnectée… mais à quel prix ?
En Haïti, les jeunes vivent désormais au rythme des notifications. TikTok, Facebook, Instagram ou WhatsApp occupent une place centrale dans leur quotidien, parfois dès l’âge de dix ans. Cette hyperconnexion, loin d’être anodine, entraîne des conséquences profondes : isolement social, anxiété, dépression, perte de concentration et baisse du rendement scolaire. De plus en plus d’adolescents se replient sur le virtuel, délaissant la lecture, le sport ou les échanges réels, au profit d’un monde d’images, de comparaison et d’illusions.
Face à cette dérive, le Danemark, pour sa part, a choisi un retour aux sources : plus de manuels scolaires, moins d’écrans. Pour Mette Frederiksen, ce n’est pas une régression, mais un « acte de survie générationnelle ». « Ne rien faire, dit-elle, c’est abandonner nos enfants. » Derrière cette politique courageuse, il y a une volonté de restaurer la capacité d’attention, la créativité et la santé mentale d’une jeunesse fragilisée par la surconnexion.
C’était le 7 octobre dernier, devant le Parlement danois (Folketing), que la Première ministre Mette Frederiksen a présenté son projet d’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans. Elle a exhorté les législateurs à aller plus loin dans la régulation du numérique, tout en laissant aux parents la possibilité d’autoriser l’usage des plateformes à partir de 13 ans.
« Ils voient des choses à l’écran qu’ils ne devraient pas voir », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter : « Nous avons libéré un monstre. »
Dans la continuité de cette annonce, le Danemark a décidé d’interdire les téléphones portables dans les écoles et les clubs extrascolaires, et plaide désormais pour une réglementation européenne plus stricte afin de mieux protéger les enfants en ligne.
Le Danemark n’est d’ailleurs pas seul à emprunter cette voie. En juin dernier, le gouvernement néerlandais a recommandé aux parents de ne pas autoriser l’accès à TikTok et Instagram avant 15 ans. En France, une loi votée en 2023 impose une vérification d’âge et un accord parental obligatoire pour tout mineur de moins de 15 ans souhaitant créer un compte sur les réseaux sociaux. Le président Emmanuel Macron s’est même dit favorable à une interdiction européenne de ces plateformes pour les plus jeunes, tandis qu’une loi similaire est actuellement en discussion en Espagne.
Et Haïti dans tout ça ?
Certes, Haïti fait face à des priorités urgentes : instabilité politique, problème d’insécurité, pauvreté, accès limité à une éducation de qualité. Mais cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir sérieusement à l’impact du numérique sur nos enfants. Le pays gagnerait à engager un débat national sur la place des écrans dans la formation des jeunes. Cela pourrait passer par une meilleure sensibilisation des parents et des enseignants, une régulation claire de l’accès aux plateformes selon l’âge, et la mise en place d’alternatives culturelles et sportives pour stimuler la créativité et le lien social.
Les opérateurs téléphoniques et les institutions éducatives pourraient également jouer un rôle, en proposant des forfaits jeunesse limités aux usages éducatifs ou en soutenant des initiatives de déconnexion active dans les écoles.
La décision du Danemark n’est pas qu’une mesure de restriction ; elle porte un message de responsabilité collective. Elle nous invite, nous Haïtiens, à repenser notre rapport au numérique et à protéger ce qu’il y a de plus fragile dans notre société, l’équilibre mental et émotionnel de nos enfants.
Dans une Haïti en pleine croissance numérique, où les effets d’une surexposition aux écrans se font déjà sentir, la question n’est plus de savoir s’il faut agir, mais qui aura le courage d’en prendre la responsabilité. Le temps n’est plus à l’observation, mais à la prévention, avant que le virtuel ne dévore entièrement l’enfance réelle.
Par : Jean-Némy Forrelus