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Symbole de liberté et berceau de l’indépendance d’Haïti, Gonaïves vit aujourd’hui un drame silencieux. La ville manque cruellement d’électricité, au point que les rares lampadaires plantés dans les rues ne servent qu’à décorer. Chaque soir, la cité s’enfonce dans les ténèbres et l’insécurité.
Gonaïves, autrefois fierté nationale, se délite sous les yeux indifférents des dirigeants. La “cité de l’indépendance”, où résonne encore l’écho de 1804, est désormais la “cité des ténèbres”. Tellement l’électricité fait défaut qu’on y rencontre quelques lampadaires, dressés comme des témoins muets, réduits à de simples ornements. Au lieu d’éclairer, ils rappellent l’abandon et l’ironie d’une ville qui devrait briller par son histoire. Dans chaque maison, on distingue le même décor : le noir, l’obscurité, l’absence totale d’électricité. Les familles vivent à la lueur de bougies ou de lampes artisanales. Celles qui disposent d’un peu plus de moyens possèdent parfois un petit système solaire, utilisé pour recharger des téléphones ou éclairer sommairement la maison.
La nuit tombée, l’obscurité devient un piège pour les habitants. Derrière le commissariat des Gonaïves, près de la place Bouteille ou encore aux abords du marché Topa, les rues noires se transforment en zones de non-droit. Les passants évitent de s’y aventurer, redoutant les attaques. Mariame, une marchande de fritay, témoigne : en rentrant chez elle aux alentours du centre-ville, elle s’est fait voler la recette entière de sa journée. Comme elle, de nombreux Gonaïviens vivent chaque soir cette insécurité aggravée par l’absence d’éclairage public.
Pourtant, Gonaïves n’est pas une ville quelconque. Elle est le berceau de l’indépendance, un symbole national, une mémoire collective. Son rôle historique et son héritage culturel devraient lui valoir respect et protection. Mais aujourd’hui, son visage est celui d’une cité abandonnée, où la résignation prend racine.
Les autorités ne peuvent plus détourner le regard. Rétablir l’électricité, sécuriser les rues, redonner espoir : voilà des actions urgentes et nécessaires.
Feguerson Fegg THERMIDOR
ecrivainfeguersonthermidor@gmail.com