Radio Télé Masseillan Info - Plus de sens à l'info!
Haïti, première République noire du monde, pays d’une résistance historique contre l’esclavage et le colonialisme, se retrouve aujourd’hui dans une spirale de chaos, de dépendance et d’humiliation internationale. Alors que les structures de l’État s’effondrent, que l’insécurité gangrène les quartiers populaires comme les centres urbains, une nouvelle force internationale se profile à l’horizon, une mission dirigée par le Kenya, soutenue logistiquement et politiquement par les États-Unis, et dans l’ombre, l’influence persistante de l’ancien président américain Bill Clinton. Cette initiative, présentée comme une aide salvatrice, révèle en réalité un complot bien orchestré, visant à maintenir Haïti dans un état de tutelle perpétuelle.
Cet article se veut une réflexion engagée et critique sur cette manœuvre perverse. Il dénonce la duplicité des acteurs internationaux, décortique les intérêts étrangers derrière l’intervention kenyane, et appelle à un sursaut de conscience nationale. Dire non à cette mauvaise gérance, c’est réaffirmer notre dignité en tant que peuple, c’est réclamer notre droit à l’autodétermination, c’est surtout refuser d’être des cobayes du nouvel ordre néocolonial.
Une opération présentée comme une mission d’aide, mais fondée sur des intérêts cachés
L’arrivée annoncée des troupes kenyanes à Haïti a été accueillie par certains comme une bouée de sauvetage face à une insécurité devenue incontrôlable. Officiellement, il s’agit d’une mission internationale pour appuyer la Police Nationale d’Haïti (PNH), désorganisée et dépassée par les gangs lourdement armés. Mais cette initiative cache une logique beaucoup plus sournoise, celle de la continuité d’un système international qui refuse à Haïti le droit de se relever par ses propres moyens.
Le choix du Kenya n’est pas anodin. Il s’agit de donner un visage africain à une mission dont les fils sont tirés à Washington. Cela permet aux puissances occidentales, et en particulier aux États-Unis, de se présenter en retrait, tout en conservant un contrôle absolu sur les orientations de la mission. Le financement, la logistique, la stratégie opérationnelle, tout provient de l’axe américain. Le Kenya n’est qu’un exécutant, un bras armé noir pour une volonté blanche.
Cette présentation humanitaire de l’intervention dissimule mal les intérêts géopolitiques sous-jacents. Haïti reste un territoire stratégique dans la Caraïbe, une zone tampon entre l’Amérique latine et les États-Unis. Laisser le pays sombrer totalement dans l’anarchie serait préjudiciable pour Washington. Mais lui permettre de renaître en toute indépendance serait encore plus dangereux : cela pourrait inspirer d’autres peuples dominés à revendiquer leur liberté.
Le rôle trouble de l’ancien président Bill Clinton dans la tragédie haïtienne
Il serait négligent, voire complice, de parler de l’intervention étrangère actuelle sans mentionner le rôle historique et controversé de Bill Clinton dans les affaires internes d’Haïti. Dès les années 1990, sa politique d’ouverture des marchés haïtiens au riz subventionné américain a contribué à démanteler l’agriculture locale. Mais c’est surtout après le séisme de 2010 que son influence s’est consolidée sous la forme d’une pseudo-mission de reconstruction.
Nommé co-président de la CIRH (Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti), Clinton s’est retrouvé à la tête d’un appareil surpuissant contrôlant des milliards de dollars en aides internationales. Le bénéfice pour le peuple haïtien ? Dérisoire. Le pays n’a jamais été reconstruit. En revanche, de grandes firmes américaines, des ONG proches du clan Clinton, et des consultants internationaux se sont enrichis. L’opacité de la gestion, le favoritisme, et le manque d’investissements structurels crient encore leur injustice aujourd’hui.
Clinton a souvent prétendu vouloir « aider » Haïti. Mais l’aide qui infantilise, qui exclut les Haïtiens des processus de décision, qui crée des dépendances éternelles, n’est qu’un masque. Son retour en coulisses, via l’appui à la mission kenyane, doit être vu pour ce qu’il est : une stratégie de contrôle à distance, toujours au profit des intérêts étrangers.
Pourquoi le choix du Kenya ? Une nouvelle forme de néo-colonialisme noir
Le Kenya, présenté comme un partenaire africain solidaire, n’est-il pas lui-même un État confronté à ses propres défis sécuritaires et sociaux ? Pourquoi un gouvernement africain accepterait-il d’envoyer ses forces à des milliers de kilomètres, dans une mission extrêmement complexe et politiquement sensible ?
La réponse se trouve dans l’économie politique de la coopération sud-sud instrumentalisée. Le Kenya reçoit en retour un soutien financier, logistique et diplomatique de la part des puissances occidentales. Il se positionne ainsi comme un « bon élève » du nouvel ordre international, tout en offrant ses soldats comme bras armés à bas coûts.
Ce nouveau visage de la domination se présente avec des traits africains. Mais c’est toujours la même logique : maintenir un peuple noir dans la soumission, avec le concours d’autres Noirs. C’est le mécanisme bien connu de la sous-traitance coloniale. Comme l’avait déjà dénoncé Frantz Fanon, le colonisé devient l’exécuteur des volontés du colon, une fois promu par celui-ci au rang de gestionnaire docile.
Dans le cas d’Haïti, cela ajoute l’insulte à l’injure : des Africains envoyés pour mater des descendants de Dessalines. Cela ne saurait être toléré par un peuple qui a versé son sang pour affirmer que « tout moun se moun ».
Une insécurité instrumentalisée pour justifier l’intervention
Il est indéniable qu’Haïti traverse une crise sécuritaire sans précédent. Cependant, il est important de souligner comment cette insécurité est habilement instrumentalisée par les puissances étrangères pour imposer leur logique interventionniste. Depuis plusieurs années, les gangs armés prospèrent en toute impunité, bénéficiant d’armes qui proviennent en grande majorité de pays étrangers, notamment des États-Unis. Cela soulève une question fondamentale : qui arme ces gangs ? Qui tire profit de l’instabilité ?
L’insécurité devient ainsi un prétexte idéal pour justifier l’ingérence. Sous couvert d’aide à la sécurité, l’intervention étrangère redéfinit la souveraineté haïtienne comme une variable dépendante des intérêts géostratégiques. Le chaos est toléré, voire encouragé, pour mieux asseoir l’idée que les Haïtiens sont incapables de se gouverner eux-mêmes. C’est un mécanisme bien connu dans l’histoire du colonialisme.
L’absence de consultation populaire et le mépris de la souveraineté nationale
Aucune consultation démocratique n’a été organisée pour légitimer la mission kenyane. Le peuple haïtien, principal concerné, a été mis à l’écart de toutes les décisions. C’est une violation grave du principe fondamental de la souveraineté nationale. Une telle décision engageant le territoire, les institutions et l’avenir d’un pays devrait faire l’objet d’un large consensus national, voire d’un référendum populaire. Au lieu de cela, quelques élites politiques en quête de légitimité internationale se sont arrogé le droit de parler au nom du peuple.
Ce mépris du peuple est une constante dans les relations internationales vis-à-vis d’Haïti. On impose des présidents, on dicte des politiques économiques, on oriente les investissements, toujours sans tenir compte de la volonté populaire. La mission kenyane n’est que la dernière illustration de cette posture paternaliste. Elle est illégitime, car elle n’est pas née de la volonté du peuple souverain d’Haïti.
Le silence complice des élites haïtiennes et des institutions internationales
Face à ce projet de domination, les élites politiques, économiques et intellectuelles haïtiennes brillent par leur silence, voire leur complicité. Trop souvent, ces élites préfèrent la soumission aux intérêts étrangers à la défense de l’intérêt national. Certaines y voient même une opportunité d’affaires, de prestige, ou d’échappatoire à leur propre responsabilité dans la crise actuelle.
De leur côté, les institutions internationales comme l’ONU ou l’OEA affichent un double discours. Elles prônent la démocratie et les droits humains, mais soutiennent des interventions imposées, sans base populaire. Ce silence complice est une trahison de la solidarité internationale véritable. Il revient à valider un modèle de gestion coloniale des crises, où les solutions sont importées, imposées et rarement pérennes.
Appel au réveil du peuple haïtien : l’urgence d’un sursaut national
Assez ! Il est temps que le peuple haïtien se réveille, qu’il refuse avec force cette nouvelle imposture. Il faut dire NON à la mission kenyane, NON à la manipulation de l’insécurité, NON à la perpétuation d’un système d’aide destructeur. La dignité d’un peuple ne se négocie pas. Elle se défend.
Il appartient aux jeunes, aux paysans, aux ouvriers, aux intellectuels, à la diaspora, de faire front commun. De s’organiser. De proposer des alternatives. De dire haut et fort : nous sommes capables de construire un avenir sans tutelle, sans occupation, sans assistance toxique. Nous devons défendre Dessalines, défendre notre souveraineté, défendre notre droit à exister debout.
L’histoire d’Haïti est celle d’un peuple qui a vaincu l’impossible. Nous avons défié les empires, aboli l’esclavage, proclamé notre indépendance. Ce passé glorieux nous oblige. Il nous rappelle que rien n’est plus sacré que notre liberté.
Face à la collusion entre le Kenya et Bill Clinton, face à la trahison des élites, face au mépris des grandes puissances, nous devons dire non. Refuser l’ingérence. Rejeter la soumission. Et bâtir, avec nos propres mains, un projet de société fondé sur la justice, la solidarité et l’autodétermination.
Ce combat est difficile, mais il est juste. Ce combat est risqué, mais il est noble. Ce combat est notre devoir.
Ayisyen leve kanpe, se tan nou, se moman pou n di : ase se ase !
Par : Johnny JOSEPH