Auteur : RTMI

Un an après la nomination d’Augustin Antoine : le REDRESEH dresse un bilan accablant du MENFP

Un an après l’arrivée d’Augustin Antoine à la tête du Ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), le Regroupement des Enseignants pour la Défense et la Réforme du Système Éducatif Haïtien (REDRESEH) a présenté, ce vendredi, lors d’une conférence de presse, un bilan critique de sa gestion, dénonçant une année de stagnation, d’opacité administrative et de mépris envers les enseignants.

Lors de cette conférence tenue à Port-au-Prince, les représentants du REDRESEH ont exprimé leur profonde déception face à l’inaction du ministère, accusant le ministre Antoine de n’avoir apporté ni solutions aux urgences du secteur ni vision à long terme. « L’année écoulée aura été marquée par l’immobilisme, l’opacité et un mépris manifeste pour les revendications des enseignants et des syndicats », a déclaré Wilnord Dominique, le coordonnateur national de l’organisation.

Malgré les promesses de réforme annoncées en juin 2024, aucune mesure concrète n’a été mise en œuvre, a déploré le REDRESEH. Les structures éducatives, déjà en souffrance, n’ont bénéficié d’aucun renforcement, tandis que les engagements pris par le ministère sont restés sans suite.

Sur le terrain, la situation reste critique. Le directeur général du MENFP, Yves Roblin, cité par Richeny Alexis, responsable des finances du regroupement, a révélé que plus de 3 000 écoles ont été déplacées dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite. Pourtant, aucune stratégie de relocalisation ni d’accompagnement n’a été rendue publique.

Le REDRESEH a également tiré la sonnette d’alarme sur la situation du personnel éducatif. Les enseignants, qu’il qualifie de « véritables piliers de l’éducation nationale », continuent de travailler dans des conditions de grande précarité. « Aucune nomination administrative n’a été faite, aucun plan de titularisation n’a été mis en place, et le dialogue sur les conditions de travail est totalement inexistant », ont-ils dénoncé.

La promesse du ministère de sécuriser le paiement des salaires via des cartes de débit n’a jamais été tenue, ont rappelé les intervenants. Les enseignants vacataires et contractuels demeurent dans un flou juridique et administratif, sans droits reconnus.

De plus, le programme de subvention scolaire, présenté comme une priorité du ministère, reste entouré de mystère. Aucun bilan n’a été publié, les critères d’attribution ne sont pas clairs et aucune évaluation n’a été rendue publique, a souligné le REDRESEH.

Sur le plan de la protection sociale, Dominique explique que la situation n’est guère plus encourageante. Bien que les enseignants continuent de cotiser à l’OFATMA, beaucoup ne reçoivent pas les soins de santé promis. « De nombreux établissements refusent de les prendre en charge, faute d’un protocole clair entre le ministère et l’organisme », a-t-il précisé. Le REDRESEH, en ce sens, appelle à une réforme urgente de ce dispositif.

Le regroupement d’enseignants accuse également le ministre de fuir tout dialogue social. Selon eux, aucune rencontre formelle n’a été organisée avec les syndicats depuis son entrée en fonction. Cette attitude, qualifiée de « posture autoritaire », est jugée incompatible avec les principes de gouvernance démocratique dans le secteur de l’éducation.

Aucun document de politique éducative, aucun audit public ni réforme pédagogique n’a été communiqué à la communauté éducative en un an. Le ministère, affirme le REDRESEH, fonctionne dans une « routine bureaucratique » marquée par « l’indifférence face à l’effondrement progressif de l’école haïtienne ».

Au terme de la conférence, le REDRESEH a réaffirmé sa mission de défendre les droits du personnel éducatif, de proposer des alternatives concrètes et de mobiliser l’ensemble de la communauté scolaire autour d’un projet d’école publique équitable, inclusive et respectueuse de la dignité humaine. Citant Nelson Mandela, M. Alexis a rappelé que « l’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde » – une arme qui, en Haïti, est aujourd’hui, selon eux, ignorée et affaiblie.

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