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Bienvenue au deuxième numéro de Chro-Lit. Cette fois-ci, nous vous invitons à embarquer pour un voyage poétique aux côtés de l’écrivain et poète Feguerson Thermidor. Deux poèmes, véritables éclats de son âme sensible, seront au cœur de cette exploration :
– De la blessure du poète au poète de la blessure
– Souvenir
À travers ces vers, Thermidor nous transporte dans un univers où la douleur devient muse, et les souvenirs, preuves d’une poésie profonde et authentique.
De la blessure du poète au poète de la blessure
Je pense à la nuit où ton corps a rougi de plaisir
Je m’attelais à dessiner tes lèvres
Mon souffle est coupé vif
Soudain j’ai appris toutes les mers sont blessées par tes hanches
Et ton bas ventre est un jet d’eau douce qui noie mon poème
Je m’agenouille derrière toi
Mon corps a souillé la terre assoiffée de désir
Nous sommes devenus ombres, nuit sensuelle
Notre nudité est un jeu de hasard le temps gagne par forfait
Je plonge en moi-même je ressors à un morceau de toi,
Jeu d’échec ton string route qui mène à la terre promise
À cette terre trop de vérité finira au tumulte
Me voilà l’agneau blasé livré en holocauste
Mon ombre en vacances au retardement des temps de pluies
Chaque saison a pour langage ma voix fissurée
Je suis soleil éteint de toutes les époques
Vie en fragment ma main renifle dans le rêve des époques incomplètes
Portrait des mers infatigables
Je lève ma vie à la hauteur des temps de vautours
La nuit m’accompagne dans mes folies chutées
J’ai pour prière ton string qui se fait poème
D’aurore abîmée je bâtis ma cathédrale fêlée sur ta langue
Je suis parole écorchée des alphabets
L’ombre de Jérusalem crucifié
Je viens de loin fils des sables aveugles
J’ai des bouleversements dans le ventre
Mon cœur reflet du Christ brisé, corps ville-malade écho du silence délavé
Je perds mon ombre, ma vie truquée
Gaëlle, Douce, ma lumière opaque, image sexualité complète
Mon berceau ,fresque torture, mange mes pas las
Je ressuscite mes tourments lents, élans de mes pleurs fragiles
Dessine le temps des fleurs brisées sous le ciel salé
Ma voix héritière de tes seins, dort lente
À l’assaut de la nuit, ma vie crispée dans les rues de Port-au-Prince
Mutilées, fusillées
Ton sang crève mon épaule gauche, je suis fragilité des prières, souffle écourté,
âme ville de Jéricho lassé, ma terre s’ouvre aux ténèbres
Mon âge frais, recoin funeste, je baptise ma volupté en larmes mes bras saignent
J’ai un tourbillon dans ma gorge, mon cœur livre endommagé
Des chapitres saignés
J’abreuve ma solitude, poumon en flaque, torchon de mes blessures
La douleur de Raboteau aux yeux brisés est morte sur tes hanches
La ville n’a pas de souffle, rescousse languissante
Enchevêtre des temps d’appocalypse
Ici- bas, vie trouble la mort en liesse
Mes euphories saignent comme saigne nuit en transe
J’ai des sables dans ma voix, ma poitrine, nids des maux solitaires
Les enfants jouent au malheur, Gonaïves malédiction des époques folles
Dis- moi, ma ville, qui te guérit lorsque les saisons t’ont blessée?
Souvenir
Dans le ventre de mes phrases écorchées, cimetière ébloui
Ma vie nef sombre du monde regard fatale des horizons
Ma souffrance blanche, éclat de malheur, dérivée des martyrs fragiles
Mon sang symbole de Golgotha blasé
J’ouvre ma vie à la moisson, je récolte grain de sables
Mon ébat sans abat dolent
Mon âme soubresaut, temps junché
Ma main saison douloureuse a trahi mes poèmes,
ramasse nuit funeste
Je suis douleur des matins, le sort des villes fissurées
Je crache des châtiments qui entourent le collier de mes poèmes
Sceau de mes démons
Je dialogue à mes errances, ma chair est devenue poussière
Mon sang des villes de malheur, pleines de tumulte
Je partirai demain à mon pays
Cœur mouillé dans la lubie des nuits
Corps criblé de balles,
Souffrance comme compagnon, la douleur de ma ville dans mes yeux
Mes rêves, des clous rouillés, pendule contristée
Ô ma terre mon pays de stigmates dort lent
Accroupie dans ma gorge saignante
J’eûsse aimé le reflet de tes hanches acerbes
Ton sang valse surgissant ma peau
Port-au-Prince, ville de malheur
Recoin des corps gisent sur des bétons glacés
Feguerson THERMIDOR
Qui est Feguerson THERMIDOR ?
Feguerson THERMIDOR, écrivain et poète, est né aux Gonaïves. Il a étudié l’Anthropologie/Sociologie à la Faculté d’Ethnologie de l’Université d’État d’Haïti, et développe une théorie qu’il appelle « Esthétique de la Douleur ». Il explore cette thématique dans l’ensemble de ses œuvres, cherchant à mettre en lumière les souffrances individuelles et collectives à travers une esthétique unique.
Thermidor publie régulièrement des articles dans le quotidien Le Nouvelliste, axés sur la littérature haïtienne et les écrivains francophones. Ces articles peuvent servir de référence pour les professeurs de lettres et les amateurs de littérature, permettant d’approfondir leur compréhension des auteurs. Il a déjà écrit sur des figures littéraires importantes comme Émile Nau, Suzanne Comhaire-Sylvain, Desmesvar Delhomme, Beaubrun Ardouin, Cariolan Ardoin, Aimé Césaire, et Jacques Roumain.
Parmi ses œuvres publiées, on compte :
– 3 Powèm Pou Leta, t.1, Éditions Freda, décembre 2017
– Le Sein Gauche de la Ville des Gonaïves est une Cigarette, GNK Éditions, mars 2018, récompensé par le Prix du Meilleur Recueil de Poèmes en Côte d’Ivoire en 2018
– Cantique d’un Amour Fêlé, Éditions du Pont de l’Europe, France, décembre 2018
– Ma Main est une Phrase suivi de Apologie de Nerva, Éditions du Pont de l’Europe, France, juillet 2023, nominé pour le Prix de Poésie de l’Académie Française 2024
– Tout Powèm Mwen Gen Yon Simityè Anba Wòb Ou, 3 Powèm Pou Leta, t.2, octobre 2024, Éditions Papye9
Ces œuvres reflètent toutes sa démarche autour de l’Esthétique de la Douleur, et chaque titre porte la marque de cette exploration.
Actuellement, Thermidor est le directeur de Hafriquelittéraire, une structure qui fait la promotion des écrivains francophones. Il dirige également une rubrique spéciale au journal Le National, où il publie chaque lundi et jeudi des chroniques sur des écrivains.
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