JEAN-JACQUES DESSALINES, L’IMMORTEL ! 

Après l’assassinat de Dessalines le 17 octobre 1806, les gouvernements de Christophe, Pétion, Boyer et Rivière-Hérard, ainsi que les nouvelles classes dirigeantes haïtiennes, traquaient impitoyablement ceux et celles qui osaient se réclamer de l’empereur. L’idéal dessalinien était combattu par une violence extrême, une haine implacable et des campagnes de calomnies et de mensonges. Aujourd’hui encore, des réactionnaires, populistes et opportunistes cherchent à transformer Dessalines en une icône de compromission au service des riches bourgeois. Les autorités de l’État tentent, quant à elles, de le canoniser afin de conférer à son nom un certain prestige, dans le but de “consoler” les classes populaires et les mystifier. N’est-ce pas là un moyen de l’avilir et d’atténuer son tranchant révolutionnaire?

Évoquer Dessalines, son combat et son idéal, c’est rappeler l’histoire de la lutte révolutionnaire des classes laborieuses contre le système colonial fondé sur l’exploitation esclavagiste. Aucun autre chef d’État haïtien n’a eu une vie aussi peu privée et aussi étroitement liée à l’émancipation des opprimés que Jean-Jacques Dessalines.

Aujourd’hui comme hier, les classes exploitées et dominées ne cherchent pas des leaders ou des idoles, mais s’inspirent de l’exemple de Dessalines pour poursuivre l’idéal révolutionnaire. Les classes populaires haïtiennes ne manquent pas de grandes figures révolutionnaires, de militants dévoués, de martyrs, de penseurs et d’acteurs engagés.

Contrairement à Christophe et Pétion, qui luttaient contre la colonisation dans le but de substituer leur propre domination et d’asservir la société à leurs intérêts égoïstes de classe privilégiée, Dessalines allait au-delà de l’indépendance nationale. Il croyait en l’émancipation des descendants des esclaves africains. Son objectif était encore plus ambitieux : l’émancipation de tous les esclaves à travers le monde. L’idéal dessalinien exprimait tout ce qu’il y a de révolutionnaire dans la pensée progressiste et les aspirations populaires. Sa volonté de briser les chaînes de l’esclavage et d’assurer une répartition équitable des biens qu’il avait nationalisés immortalise Dessalines comme un symbole de vertus humaines telles que l’abnégation, le dévouement absolu à l’intérêt collectif, le courage et la bravoure.

Si aujourd’hui des mouvements sont créés en son nom, c’est parce qu’on ne peut trouver de figure plus noble que lui pour incarner l’idéal révolutionnaire du prolétariat haïtien.

Auteur : STANLEY JEAN-MARY (DOUDY)