Plus de 1500 jeunes présents à la 4e édition du sommet annuel Kenari 2025

Dans une époque où l’incertitude semble être le refrain quotidien, une frange de la jeunesse haïtienne, une fois de plus, lève la tête, le regard embrasé par une soif insatiable d’avenir. En effet, ce dimanche 2 mars 2025, le sommet annuel Kenari 2025 résonne comme un battement d’espoir au cœur de l’hôtel Karibe Convention Center. Plus de 1 500 jeunes, porteurs de rêves et d’audace, répondent à l’appel de Kenari Magazine, en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Il est 10 heures du matin, un frisson parcourt l’assemblée. Évodie D. Gibbs, dans son rôle de maîtresse de cérémonie, insuffle à l’auditoire une énergie contagieuse. Puis, en un instant suspendu, Loutchina Décius entonne La Dessalinienne. Sa voix s’élève, portée par la gravité de l’histoire et l’ardeur de l’avenir. Une émotion indicible traverse la salle. Ce n’est pas seulement un hymne, mais une déclaration d’engagement, un serment silencieux fait à la terre d’Haïti.

Puis, tel un orchestre où chaque instrument trouve sa place, les panels s’enchaînent, dessinant les contours d’une jeunesse qui ne se contente plus d’attendre, mais qui bâtit.

Le premier panel, conduit par Sandina Depas, plonge dans les eaux fertiles de l’économie numérique, des fintechs et de l’inclusion financière. Xavier Michon, représentant du PNUD, et Etzer Emile, économiste et PDG de Haïti Efficace, posent un constat sans équivoque : Haïti doit embrasser la transformation digitale si elle veut écrire son avenir en dehors des sentiers battus.

Loin d’un simple débat académique, ces échanges ouvrent des perspectives concrètes en mettant en avant la finance numérique comme un levier d’autonomie pour les jeunes entrepreneurs, l’inclusion financière comme un moyen de démocratiser l’accès au crédit et de favoriser l’innovation, ainsi que la coopération internationale comme un moteur essentiel du développement endogène.

L’après-midi s’ouvre sur un deuxième panel, animé par Kemissa Trecile, où trois figures emblématiques du monde des affaires partagent leurs secrets de réussite : Christine Coupet Jacques, PDG de DAGMAR, Marc Alain Boucicault, PDG de BANJ, et Stephanie Sophonie Louis, présidente du Gouvernement Jeunesse.

Les discussions mettent en lumière les défis qui freinent encore l’élan entrepreneurial en Haïti : l’accès au financement, le manque de formation adaptée, et l’absence d’un réseau solide.

L’éducation financière est mise en avant comme un sésame indispensable pour bâtir des entreprises viables. Gérer ses ressources, investir avec intelligence, structurer ses idées : autant d’éléments qui transforment une ambition en empire.

Selon Pascal Jethrot, coordonnateur de Kenari Media, cette activité est un véritable succès, dépassant toutes les attentes. «  Je suis agréablement surpris par l’intérêt manifeste des jeunes haïtiens pour l’éducation et la formation » dit-il en soulignant également que les jeunes ont non seulement besoin de formations, mais aussi d’expérience et de conseils de ceux qui ont déjà intégré le monde de l’entrepreneuriat.

Pour Felix Ylda, une participante, cet événement est une opportunité précieuse. Elle affirme ne pas regretter son déplacement, car cela lui permet d’approfondir ses connaissances sur la Fintech en Haïti et l’investissement en ligne, des domaines essentiels dans la finance moderne.

« Ce dimanche 2 mars 2025 n’est pas un jour comme les autres. C’est une promesse, un pacte scellé entre une jeunesse avide de renouveau et un pays en quête de renaissance », déclare le PDG de Kenari Magazine, Ben Marley B. Pascal.

Le sommet s’achève en apothéose avec Beaubrun Youven, plus connu sous le nom de scène Bevenslameur, un slameur engagé dont chaque mot résonne comme un battement de cœur pour Haïti. Habité par l’âme de son peuple, il sculpte des vers taillés sur mesure pour l’événement, transformant la scène en un sanctuaire où l’espoir et la révolte se mêlent. Sa voix, à la fois ardente et grave, porte les maux et les rêves d’une jeunesse en quête de renouveau. Son slam, puissant et incandescent, laisse une empreinte indélébile dans les esprits, une flamme que nul n’est prêt d’oublier.

En dépit de la violence et du climat de désespoir qui plane sur la capitale en raison des problèmes liés aux gangs armés qui terrorisent la population, des milliers de jeunes font le déplacement pour assister à cette activité, convaincus qu’elle peut leur offrir une perspective d’avenir et les outiller pour bâtir un futur meilleur. Leur présence massive témoigne d’une volonté inébranlable de s’instruire, d’innover et de contribuer à la transformation du pays.

Les organisateurs, conscients de l’ampleur du défi, saluent la détermination des jeunes ainsi que le soutien des intervenants et des partenaires qui rendent possible cette quatrième édition mémorable. Ils réaffirment leur engagement à poursuivre cette initiative, convaincus que chaque sommet est une pierre posée dans l’édification d’une Haïti plus résiliente, plus entreprenante et plus prospère.

Par : John Bekker Noel & Wilsonley Simon

RTMI