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Auteur : Nelson Jonathan

Désignation des gangs haïtiens comme terroristes par les USA : entre avantages et inconvénients pour Haïti

La décision des États-Unis de désigner la coalition criminelle Viv Ansanm et le gang Gran Grifcomme organisations terroristes étrangères et mondiales ne sera pas sans conséquence pour Haïti. Selon plusieurs spécialistes en sécurité, dont Vanda Felbab-Brown et Diego Da Rin, cette mesure pourrait avoir à la fois des effets positifs et négatifs sur le pays.

Parmi les avantages, Vanda Felbab-Brown, chercheuse senior à la Brookings Institution, experte des groupes armés non étatiques et observatrice de la situation en Haïti, a indiqué dans Miami Herald que « cela pourrait décourager les politiciens et hommes d’affaires haïtiens de financer les gangs ».

Diego Da Rin, chercheur à l’International Crisis Group, va dans le même sens. Dans une entrevue accordée à Radio France Internationale (RFI), il souligne que cette désignation « pourrait permettre d’augmenter les risques juridiques pour ceux qui soutiennent les gangs, d’une manière ou d’une autre, mais aussi de cibler plus facilement les réseaux impliqués dans le trafic d’armes à destination des groupes armés en Haïti ».

En revanche, cette décision pourrait exacerber la crise humanitaire dans les zones contrôlées par les gangs. Elle pourrait notamment empêcher les ONG et les organisations internationales d’apporter de l’aide aux populations vivant dans la précarité. « Cela rend extrêmement difficile pour des ONG de travailler dans ces zones sans s’exposer à des poursuites. En général, les entreprises et organisations humanitaires préfèrent tout arrêter par précaution, afin d’éviter des sanctions civiles ou pénales associées à cette désignation », a expliqué Diego Da Rin.

Face à cela, Vanda Felbab-Brown recommande aux ONG de demander des garanties aux autorités américaines : « Il est crucial que les donateurs bilatéraux et multilatéraux qui continuent de fournir de l’aide à Haïti obtiennent des garanties du gouvernement américain pour ne pas être poursuivis. Sinon, cela pourrait avoir un effet paralysant sur l’aide, avec des conséquences potentiellement mortelles dans un pays où une grande partie de la population est déjà affamée. »

Au-delà de la lutte contre les gangs, cette mesure pourrait aussi servir des intérêts politiques, notamment en matière migratoire. Diego Da Rin alerte sur les risques d’expulsion arbitraire de migrants haïtiens aux États-Unis : « Une autre motivation possible de l’administration américaine pourrait être d’utiliser cette désignation de “terroristes” pour accélérer l’expulsion de ressortissants haïtiens soupçonnés de liens avec les gangs, ou pour justifier des refus de visa. C’est déjà arrivé avec d’autres communautés, comme les Vénézuéliens accusés, parfois sans preuves, d’être liés au gang Tren de Aragua. »

Et de conclure : « Le risque ici, c’est une plus forte stigmatisation et une persécution des communautés migrantes entières. »

Par : Nelson Jonathan | RTMI

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