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Auteur : Simon Wilsonley

Du sauvetage promis au théâtre absurde : le fiasco kényan en Haïti

On nous avait promis des héros, on découvre des touristes en uniforme. On rêvait de libérateurs, on se retrouve avec des visiteurs hésitants, pris dans les méandres d’un État fantôme et d’une stratégie policière aussi vide qu’une conférence de presse du CSPN et du CPT.

Ils étaient beaux. Ils étaient fiers. Ils chantaient en swahili sur le tarmac de Port-au-Prince. Le drapeau kenyan flottait dans le ciel poussiéreux de l’aéroport Toussaint Louverture, pendant que les caméras des médias internationaux et locaux, filmaient avec excitation ce qui ressemblait déjà à une cérémonie d’illusions.

Car enfin, que reste-t-il de cette arrivée théâtrale presqu’un an plus tard ? Des balles, des bandits toujours au contrôle, des commissariats, écoles, hôpitaux en cendres… et une population haïtienne qui, une fois de plus, regarde la promesse de sécurité comme on regarde un mirage sur l’asphalte chaud : ça brille, mais ce n’est que de l’air.

On nous avait promis des héros,  on découvre des touristes en uniforme. On rêvait de libérateurs, on se retrouve avec des visiteurs hésitants, pris dans les méandres d’un État fantôme et d’une stratégie policière aussi vide qu’une conférence de presse du CSPN et du CPT. Pendant que les Kényans comptent leurs blessés et leurs morts, les gangs, eux, comptent leurs territoires nouvellement conquis.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que les chefs de gangs, eux, n’attendent personne pour passer à l’attaque. Pendant que diplomates de salon et hauts fonctionnaires planqués jouent à la stratégie en PowerPoint, les bandits, eux, ignorent royalement le mot « logistique ». Leur kalachnikov ne rouille jamais, leur terrain est quadrillé comme un échiquier, et leur système d’information – souterrain, instantané, redoutable – ridiculise celui du ministère de la Défense lui-même, censé pourtant veiller sur l’intégrité du territoire.

Et que dire des chefs ? Ah, ces fameux chefs ! Normil et Otunge, en parfaits choristes d’un opéra de pacotille, nous annoncent fièrement qu’ils ont, une fois,  abattu 100 « terroristes » dans un silence administratif où aucun cadavre n’a de nom, aucun procès-verbal n’a de visage, et aucun témoin ne parle. C’est une guerre à huis clos, sans images, sans justice, sans rien… sauf des chiffres, lancés comme des os à ronger à une population affamée de résultats.

Mais Haïti ne se nourrit plus de chiffres. Haïti a mal. Et ce mal n’est pas kényan. Il est haïtien, enraciné, alimenté, protégé par ceux-là mêmes qui disent vouloir le combattre. Le théâtre sécuritaire s’effondre, mais le rideau reste levé. L’ironie veut que pendant que les policiers étrangers tombent dans des embuscades, les vrais responsables, eux, tombent… dans l’oubli, protégés par leur immunité, leur silence et leurs voitures blindées.

Alors oui, on peut encore chanter. Mais ce ne sera plus en swahili mes ami.e.s. Ce sera en créole, avec colère, avec sarcasme, avec la lucidité d’un peuple qui a déjà vu mille uniformes, mille promesses, mille interventions. Et qui sait désormais que les seules bottes qui valent la peine… ce sont celles qui marchent avec le peuple, pas sur lui.


Par : Wilsonley SIMON | RTMI

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Simon Wilsonley
Simon Wilsonley

Wilsonley Simon est journaliste, étudiant en Anthropo-Sociologie. Il est passionné de la Radio et d’écriture. Sa plume, guidée par une profonde conscience sociale, s'engage pleinement au service de son pays.

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