Jameson Innocent : du chant de l’évangile aux tambours des ancêtres

Samba Nakay Igbo, autrefois connu sous le nom de Jameson Innocent, a présenté, le dimanche 22 septembre, ses excuses pour l’influence de sa musique gospel sur ses auditeurs. Il reconnaît désormais la dissonance entre ses anciennes convictions religieuses et ses racines culturelles haïtiennes. Un geste salué par de nombreuses personnes.

Samba Nakay Igbo poursuit son processus de réconciliation spirituelle et identitaire, et a posé une action au commencement de cette semaine qui a laissé des milliers de personnes sans voix. En effet, dans un geste empreint d’humilité et de conscience historique, l’ancien psalmiste, dans une vidéo publiée sur Facebook le dimanche 22 septembre 2024, a demandé pardon à ceux que sa musique gospel aurait contribué à maintenir dans une somnolence spirituelle au sein du christianisme. En tant qu’Haïtien, il reconnaît aujourd’hui que ce choix, bien que sincère à l’époque, était en décalage avec les vérités profondes de son héritage culturel et les conséquences de la colonisation, dont le christianisme a été un puissant vecteur.

En 2018, sa chanson gospel « Nap ret tann ou », signifiant « On t’attend (Jésus) », l’a propulsé au sommet de la scène évangélique haïtienne, touchant des milliers de fidèles et devenant un hymne de foi. Cependant, en 2024, Nakay Igbo revient sur ce parcours en affirmant que « continuer à chanter de tels hymnes aurait été une erreur ». Selon lui, ces chants, bien qu’emplis de dévotion, ont contribué à endormir ses frères et sœurs dans une foi qui les éloignait de leur identité de descendants de vodou, les privant ainsi d’une compréhension profonde de leur essence spirituelle.

Pendant plus de quinze ans, l’artiste a captivé le monde évangélique avec des tubes d’une popularité incontestée. Pourtant, après une profonde introspection, il a décidé de revenir à la source : le vodou, la spiritualité ancestrale de ses aïeux. Jameson Innocent a entrepris un virage radical en 2022, devenant l’un des rares artistes de la communauté chrétienne à avoir publiquement assumé une telle transition, un acte d’autant plus remarquable que même les prophètes de cette communauté n’ont su répondre à un tel appel.

Depuis ce changement, Nakay Igbo a publié plusieurs interprétations de musiques vodou sur les réseaux sociaux, marquant son entrée dans une nouvelle ère musicale et spirituelle. Son dernier EP, composé de cinq titres majeurs, est déjà une référence dans les rassemblements de vodouisants en ligne. « M antre », « Legba », « Pa koupel », « Bawon », et « Pauvre en esprit » forment la colonne vertébrale de cet opus, qui résonne comme une célébration de son retour aux racines, un retour triomphal à la spiritualité de ses ancêtres.

Nakay Igbo incarne désormais le parcours d’un homme qui, après avoir touché la gloire au sein du christianisme, a ressenti l’appel irrépressible de ses origines. À travers son œuvre, il invite à un éveil, à une redécouverte de l’identité profonde, celle qui résonne avec les tambours de l’histoire et l’appel des ancêtres.

Par : James Fleurissaint 

jamessy12@yahoo.fr

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