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Auteur : James Antoine

La République dominicaine en quête de nouveaux équilibres géopolitiques

Longtemps ancrée dans une diplomatie plutôt classique, la République dominicaine amorce un virage significatif sur le plan géopolitique. En rompant en 2018 ses relations diplomatiques avec Taïwan au profit de la Chine, le pays s’est engagé sur la voie d’une diplomatie orientée vers les grandes puissances émergentes. Une stratégie qui s’est récemment intensifiée avec le rapprochement inattendu du Kremlin.

À huis clos, et sans qu’aucune des parties ne fasse de déclaration publique, le président Luis Abinader a reçu le 26 avril 2025 au Palais national le ministre des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, Sergueï Lavrov. Selon le quotidien dominicain Listín Diario, la rencontre a duré près de 35 minutes et s’est déroulée dans un cadre strictement privé. Les deux dirigeants auraient abordé l’histoire des relations bilatérales et exprimé leur volonté commune de les renforcer.

Cette visite, hautement symbolique, intervient dans un contexte où la République dominicaine multiplie les signaux d’ouverture envers les puissances des BRICS. L’invitation adressée récemment à la République dominicaine pour assister au prochain sommet des BRICS témoigne de cette volonté d’intégration à des sphères diplomatiques alternatives à celles de l’Occident traditionnel.

Pour de nombreux analystes, ce repositionnement géopolitique n’est pas anodin. Il s’inscrit dans une dynamique globale où plusieurs pays d’Amérique latine cherchent à diversifier leurs partenaires, tant pour des raisons économiques que stratégiques. Les investissements chinois massifs en infrastructures et les coopérations militaires ou énergétiques avec la Russie sont autant de leviers d’influence que Santo Domingo ne semble plus vouloir négliger.

L’ancien président Danilo Medina avait déjà initié cette bascule diplomatique, en tournant le dos à Taïwan pour reconnaître la République populaire de Chine. Ce choix, largement dicté par des considérations économiques – investissements, prêts, soutien technologique -, reflète une tendance croissante à considérer Pékin comme un acteur central des relations internationales.

Avec Luis Abinader, cette stratégie paraît s’approfondir. En diversifiant ses alliances, la République dominicaine entend non seulement tirer profit de nouvelles opportunités économiques, mais aussi renforcer son autonomie diplomatique. Elle cherche, en somme, à ne plus dépendre exclusivement de Washington ou de ses partenaires traditionnels dans la région.

Ce réalignement pourrait toutefois avoir des répercussions. Une trop grande proximité avec des puissances comme la Russie ou la Chine pourrait susciter des tensions avec les États-Unis, partenaires historiques et voisins immédiats. Reste à savoir si Santo Domingo saura naviguer entre ces différentes sphères d’influence, sans compromettre ses intérêts fondamentaux.


Par : James Antoine | RTMI

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