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En Haïti, les sages-femmes occupent aujourd’hui une position marginalisée dans le système de santé. Cela s’explique notamment par la perception de certains gynécologues-obstétriciens qui estiment pouvoir assurer eux-mêmes les tâches des sages-femmes, voire celles des infirmières spécialisées. Cette vision contribue à dévaloriser le rôle des sages-femmes, pourtant essentielles et occupant le deuxième rang dans l’échelle des professions médicales.
En Haïti, les sages-femmes occupent aujourd’hui une position marginalisée dans le système de santé. Cela s’explique notamment par la perception de certains gynécologues-obstétriciens qui estiment pouvoir assurer eux-mêmes les tâches des sages-femmes, voire celles des infirmières spécialisées.
C’est en 2001 que la formation de sage-femme a officiellement été reconnue comme une discipline universitaire en Haïti. Cette reconnaissance visait à professionnaliser le métier dans une optique scientifique, dans l’espoir de réduire le taux de mortalité maternelle et néonatale. « Aucune femme ne doit mourir en donnant la vie », affirme Guichet Esther Shekinah, étudiante en sage-femme, une phrase érigée en devise dans cette profession.
Dans un contexte d’insécurité généralisée, les sages-femmes sont souvent les premières et parfois les seules professionnelles de santé disponibles, surtout dans les zones rurales. « Nous assurons un accès continu aux soins de santé reproductive, y compris les soins prénatals, les accouchements et les suivis postnatals », explique Shekinah.
En Haïti, les taux de mortalité restent alarmants. Les sages-femmes, grâce à leurs compétences en soins obstétricaux, permettent de prévenir les complications, d’assurer des accouchements sécurisés, et de conseiller les mères pour préserver la santé des nouveau-nés.
Dans un contexte d’insécurité généralisée, les sages-femmes peuvent jouer un rôle de première ligne. « Nous sommes formées pour gérer ces situations et fournir des soins d’urgence, souvent dans des conditions très difficiles », confie Shekinah.
Les sages-femmes ne se limitent pas aux soins médicaux. Elles apportent aussi un soutien psychologique aux femmes enceintes et jeunes mères, particulièrement vulnérables face à la violence, au déplacement forcé ou à la précarité. « Nous offrons un espace d’écoute, de réconfort, et aidons les femmes à affronter le stress lié à l’environnement dans lequel elles vivent », précise-t-elle.
Les sages-femmes contribuent aussi au développement du système de santé national. Comme le rappelle le professeur Damus Obrillant, 97,1 % des accouchements en Haïti se font encore dans le secteur traditionnel, entre les mains de fanm chay (matrones traditionnelles). L’intégration effective des sages-femmes dans ce processus permettrait de mieux encadrer ces pratiques et d’assurer des soins plus sûrs, en collaboration avec d’autres professionnels de santé.
Leur présence sur le terrain, leurs compétences cliniques et humaines, font des sages-femmes des actrices incontournables de la santé publique en Haïti. Leur travail est indispensable pour garantir l’accès aux soins de santé reproductive, réduire les décès maternels et néonatals, répondre aux urgences obstétricales, soutenir les femmes psychologiquement, et renforcer un système de santé en difficulté.
Par : James Antoine | RTMI