Auteur : Johnny Joseph

La présence de l’Église dans la gestion des conflits familiaux : entre hypocrisie spirituelle et favoritisme silencieux

Dans nos sociétés, l’Église occupe une place centrale dans la vie des fidèles, notamment lorsqu’il s’agit de résoudre les conflits familiaux. Considérée comme un refuge moral et spirituel, elle est souvent sollicitée pour arbitrer les mésententes conjugales. Cependant, au lieu d’incarner un véritable espace de justice, de vérité et de réconciliation, elle devient parfois le théâtre d’une hypocrisie déguisée sous le masque de la foi.

Trop souvent, les responsables ecclésiastiques réduisent les conflits conjugaux à de simples problèmes spirituels, négligeant les dimensions humaines, psychologiques et sociales des tensions familiales. Face à une femme brisée par l’irrespect ou à un mari humilié par une relation dysfonctionnelle, la réponse qui revient le plus fréquemment est : « Priez et Dieu fera le reste ». Ce réflexe d’évasion spirituelle traduit un manque de courage moral et une incapacité à traiter les causes profondes des violences ou des déséquilibres dans le foyer.

Ce qui est encore plus inquiétant, c’est l’attitude de certains pasteurs ou dirigeants religieux qui, consciemment ou non, prennent parti dans les conflits. Il n’est pas rare de constater un certain favoritisme envers les femmes, surtout lorsqu’elles sont proches du pasteur, ou inversement, une solidarité systématique envers les hommes sous prétexte de leur « autorité divine ». Cette posture biaisée crée un climat de méfiance et de frustration, car les véritables victimes ne se sentent ni écoutées ni comprises.

Par ailleurs, au lieu de promouvoir le respect mutuel, la communication saine et l’égalité dans le couple, certaines églises enferment les croyants dans des schémas rigides : la femme doit se soumettre coûte que coûte, l’homme reste le chef, peu importe son comportement. Une telle lecture simpliste et archaïque des Écritures alimente les conflits au lieu de les résoudre. Elle encourage même parfois la soumission à des relations toxiques, au nom de la fidélité à Dieu.

En définitive, l’Église devrait jouer un rôle plus équilibré et plus courageux dans l’accompagnement des couples en crise. Cela implique de sortir du cadre purement spirituel pour intégrer des approches psychologiques, sociales et juridiques. Il ne suffit pas de prier : il faut aussi écouter, confronter les injustices, dénoncer les abus, et encourager les transformations individuelles. L’amour chrétien ne peut pas s’accommoder de l’injustice ni du silence complice. Une Église qui choisit de fermer les yeux devient complice du désordre qu’elle prétend combattre.


Par : Johnny JOSEPH 

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