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Le Recteur de l’Université d’État d’Haïti (UEH), Dr Dieuseul Prédélus, a pris part le vendredi 11 juillet 2025, à la conférence inaugurale de la première édition de l’École d’été anti-corruption, organisée par l’Unité de Lutte contre la Corruption (ULCC). Son intervention, axée sur « le rôle de l’université dans la dénonciation de la corruption », a permis de réaffirmer la volonté affichée de l’UEH d’être à l’avant-garde de ce combat majeur.
Dès l’entame de son propos, Dr Prédélus a replacé la lutte contre la corruption dans une perspective plus large :
« Aborder la question de la corruption en Haïti, c’est d’abord aborder une question du commun. Quand je dis commun, je parle de deux choses: je parle du vivre-ensemble. Car en Haïti, comme partout ailleurs dans le monde, on ne peut pas penser le pays lorsque les ressources sont si mal utilisées, si mal distribuées. »
Insistant sur la mission de l’université, il a souligné que l’UEH ne peut se limiter à transmettre des savoirs techniques, mais doit aussi former des citoyens capables d’agir contre ce fléau :
« En tant qu’institution publique, l’UEH est pleinement consciente de son devoir envers la République. Notre mission ne se limite pas à donner des cours. Il faut former des citoyens qui doivent lutter contre la corruption dans le pays. »
Le Recteur a également appelé à un renforcement de la recherche universitaire autour de cette question :
« Nous encourageons les chercheurs œuvrant dans les différents laboratoires de nos facultés à considérer le thème de la corruption comme thématique de recherche, comme objet d’études. Des recherches qui seront susceptibles d’évaluer des pratiques de corruption dans l’administration publique et privée, qui ne paraissent pas toujours perceptibles et compréhensibles aux yeux de tous. »
Parmi les perspectives évoquées, Dr Prédélus a annoncé la volonté de bâtir un partenariat formel avec l’ULCC. Par conséquent, il propose de collaborer avec l’ULCC sur un projet visant à faire de la corruption un axe de recherche prioritaire dans l’un des laboratoires de l’UEH. D’autres mesures pourraient suivre, notamment la mise en place de fonds de soutien pour les mémoires de licence, de master et les travaux de doctorat.
Il a aussi évoqué la possible création d’une chaire universitaire consacrée à la corruption.
« Une telle chaire ouvrirait des fenêtres de réflexion sur cette problématique si pressante dans notre société. L’objectif est de révéler les causes et les enjeux éthiques de ce fléau, et de proposer des mécanismes concrets pour le réduire, car la corruption constitue l’un des principaux freins au développement de l’État dans ses fonctions régaliennes » a -t-il expliqué.
Le Recteur a rappelé que certaines initiatives avaient déjà été mises en œuvre :
« Nous avons pu former plus de 150 jeunes sur la passation des marchés publics. Par ailleurs, certains programmes de formation à l’UEH intègrent déjà des enseignements spécifiques sur la corruption, comme le Master en droit pénal et sciences criminelles, qui propose un cours sur les crimes économiques et financiers. »
Il a enfin adressé un appel direct à la direction de l’ULCC où il invite le Directeur général de l’ULCC, M. Hans Jacques Luidwig Joseph, à collaborer avec l’UEH pour mettre en place des formations à destination des différents fonctionnaires de l’État, dans l’objectif d’apporter des réponses structurées à la lutte contre la corruption.
« Que cette première édition soit une véritable réussite », a-t-il souhaité, appelant à intégrer pleinement ce genre d’activités dans un plan national de lutte contre la corruption.
Une ambition affichée, mais peu de résultats concrets jusqu’ici
Si les intentions exprimées par le Recteur Prédélus sont louables, elles interviennent dans un contexte particulièrement difficile pour l’Université d’État d’Haïti. Depuis plusieurs mois, une grande partie de ses activités se déroule en ligne, certaines facultés étant assiégées ou rendues inaccessibles par des groupes armés.
Depuis son élection à la tête du Rectorat, aucune amélioration significative n’a été constatée dans le fonctionnement global de l’UEH. Malgré les discours ambitieux, la crise structurelle et sécuritaire persiste, mettant en péril la mission même de l’institution publique d’enseignement supérieur.
L’intervention du Recteur, bien que porteuse d’engagement, soulève donc aussi des interrogations sur la capacité réelle du rectorat actuel à traduire ses promesses en actions durables et visibles sur le terrain universitaire.
Par : Wilsonley Simon | RTMI