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Le 16 août 2024, Amnesty International a publié un rapport accablant sur les pratiques migratoires en République dominicaine sous le mandat du président Luis Abinader, récemment réélu pour un second mandat. L’organisation a mis en lumière les nombreuses violations des droits humains commises par les autorités dominicaines, principalement à l’encontre des Haïtiens et des Dominicains d’origine haïtienne.
Selon Amnesty International, entre 2023 et 2024, plus de 300 000 personnes haïtiennes ont été expulsées, y compris des adolescents et de jeunes enfants. Ces expulsions, souvent collectives, enfreignent le principe de non-refoulement et les obligations internationales de la République dominicaine, car elles ne permettent pas une évaluation individuelle des besoins de protection de chaque personne concernée.
Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnesty International, a déclaré : « Le nouveau gouvernement doit s’engager sans réserve à surmonter les défis en matière de droits humains que nous avons dénoncés et documentés ces derniers mois. Il est essentiel que des politiques migratoires soient mises en place pour garantir le respect de la dignité et des droits fondamentaux de toutes les personnes. »
Conditions de détention alarmantes
Amnesty International a également exprimé de vives préoccupations concernant les conditions inhumaines dans les centres de détention où les migrants sont retenus avant leur expulsion. Les installations sont décrites comme surpeuplées, dépourvues d’eau, de nourriture et de soins médicaux adéquats, avec des détenus entassés sans accès aux services de base. L’organisation a recueilli des témoignages alarmants faisant état de violences, y compris sexuelles, perpétrées par des agents des autorités dominicaines contre les détenus. Des vidéos vérifiées par l’Evidence Lab d’Amnesty montrent des personnes, y compris des enfants, arrêtées de manière arbitraire et brutale, entassées dans des camions sans respect pour leur dignité humaine.
Ana Piquer a ajouté : « Les autorités dominicaines doivent cesser immédiatement ces pratiques déshumanisantes. Les personnes migrantes ont droit à un traitement digne, conforme aux normes internationales en matière de droits humains. »
Impact sur les enfants et les femmes enceintes
Le rapport met également en lumière les violations des droits des enfants et des femmes enceintes d’origine haïtienne. Amnesty International dénonce la remise d’enfants par le Conseil national pour l’enfance et l’adolescence (CONANI) aux autorités haïtiennes sans respecter les protocoles garantissant leur sécurité et leur bien-être. De plus, les femmes enceintes évitent de chercher des soins médicaux par crainte d’être arrêtées et expulsées, ce qui compromet gravement leur santé et celle de leurs enfants. Amnesty note que cette pratique discriminatoire persiste, malgré son caractère illégal.
Johanna Cilano Pelaez, chercheuse pour la région des Caraïbes à Amnesty International, a affirmé : « Les personnes migrantes et celles ayant besoin d’une protection internationale ne doivent pas être soumises à des mesures punitives telles que la détention. La situation d’immigration irrégulière ne constitue pas une infraction pénale. »
Recommandations d’Amnesty International
Face à ces graves violations, Amnesty International appelle le gouvernement dominicain à prendre des mesures immédiates pour mettre fin aux expulsions collectives et aux abus systématiques dans le cadre des opérations migratoires. L’organisation exhorte les autorités à lutter contre le racisme structurel et à garantir la protection des droits humains pour tous, avec une attention particulière aux enfants et aux femmes enceintes. Amnesty insiste sur la nécessité pour la République dominicaine de respecter ses engagements internationaux et de garantir un traitement humain et non discriminatoire aux migrants.
« Le gouvernement du président Luis Abinader a la possibilité de rectifier cette situation et de respecter ses engagements en matière de droits humains. À cet égard, il doit s’abstenir de renvoyer de force toute personne haïtienne en mouvement et tout ressortissant de la République dominicaine, et mettre fin aux expulsions collectives », a conclu Ana Piquer.
La rédaction / RTMI