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Le 4 novembre 2025, Gonaïves s’apprête une fois de plus à célébrer la fête de Saint Charles Borromée, son saint patron. Mais que reste-t-il réellement à fêter dans une ville abandonnée à elle-même ? Autrefois moteur économique et centre culturel du pays, Gonaïves s’enfonce aujourd’hui dans un marasme profond, résultat d’années d’irresponsabilité politique, de négligence municipale et d’une absence totale de vision pour son développement.
La cité de l’Indépendance, berceau de la liberté haïtienne, semble aujourd’hui privée de toute vitalité. Les rues sont jonchées d’immondices, les trottoirs défoncés témoignent de l’abandon, et l’électricité est devenue un souvenir lointain. Ce ne sont plus les institutions publiques qui éclairent la ville, mais quelques lampadaires isolés, installés par des initiatives privées, pendant que les autorités locales se complaisent dans l’inaction.
Comment une ville plongée dans l’obscurité matérielle et morale peut-elle prétendre célébrer sa fête patronale ? Cette journée, autrefois symbole d’unité et de fierté, n’est plus qu’un rituel vidé de sens. Les messes auront lieu, certes, mais derrière les chants religieux plane une amertume profonde : celle d’un peuple trahi par ceux qui avaient juré de le servir.
Gonaïves ne manque pas de courage, ni d’âme. Ce sont ses dirigeants qui lui manquent. Chaque année, la fête de Saint Charles devrait être l’occasion d’un renouveau spirituel et civique ; elle devient au contraire le miroir d’une décadence que tout le monde voit, mais que personne ne veut affronter.
Dans le silence de cette célébration, une question résonne : qui rendra à Gonaïves sa lumière perdue ?
Feguerson Fegg THERMIDOR
ecrivainfeguersonthermidor@gmail.com