Auteur : Johnny Joseph

Haïti : la chute des masques

Les temps changent. Et parfois, il suffit d’un geste fort pour que les lignes commencent à bouger. L’annonce récente de sanctions contre Réginald Boulos, homme d’affaires influent, André Michel, figure politique controversée, ainsi que plusieurs journalistes connus des radios traditionnelles haïtiennes, représente bien plus qu’un événement diplomatique. C’est un signal. Un message clair, brutal même, l’impunité dont jouissent certains puissants en Haïti ne sera plus éternelle.

Depuis des années, notre pays est tenu en otage par une alliance toxique entre politiciens corrompus, chefs d’entreprise sans scrupules, groupes armés et relais médiatiques complices. Cette structure mafieuse a remplacé l’État, détruit nos institutions, et semé la peur dans chaque quartier populaire. Pendant que les enfants meurent de faim, que les écoles ferment, que les hôpitaux manquent de tout, une poignée de privilégiés se disputent le pouvoir à coups de violence, de propagande et d’alliances avec les gangs.

Mais aujourd’hui, les masques commencent à tomber. La suspension des visas américains de ces personnalités n’est pas une simple formalité administrative. C’est une condamnation morale. Une manière de dire : « Nous savons ce que vous faites. » Et le peuple haïtien, lui aussi, sait. Il voit. Il souffre. Et il attend un changement réel.

Cette situation ne doit pas être réduite à une revanche politique ni à une diversion. Au contraire, elle ouvre une fenêtre historique pour rompre avec la normalisation du crime en politique. C’est le moment pour chaque citoyen, chaque jeune, chaque intellectuel, chaque voix encore libre de se lever. Pour réclamer justice, vérité et reconstruction. Pour refuser que le pays continue à être dirigé par des hommes qui pactisent avec le mal, alimentent les gangs, manipulent l’information et s’accrochent au pouvoir au détriment de la nation.

Les journalistes qui ont abandonné leur rôle de chien de garde pour devenir des agents de propagande ne méritent plus notre écoute. Les politiciens qui financent l’insécurité ne méritent plus nos bulletins de vote. Les entrepreneurs qui investissent dans la terreur ne méritent plus nos silences.

Nous avons le devoir de transformer cette vague de sanctions en vague de réveil collectif. Haïti ne pourra renaître que si elle se libère des forces qui la maintiennent à genoux. Et cette libération commence par une prise de conscience, une mobilisation citoyenne, une volonté de casser le cycle de complicité qui ronge l’âme de notre République.

Aujourd’hui, le monde nous regarde. Et surtout, l’histoire nous attend. Saurons-nous répondre à l’appel ?

Par : Johnny JOSEPH 

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