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Auteur : James Antoine

UEH – Élections : une crise électorale qui n’en finit pas

Face à cette situation qui persiste au niveau du rectorat, plusieurs professeurs dénoncent un comportement qualifié de « domestique, soumis, plat, irresponsable et corrompu. »

Les élections de l’Université d’État d’Haïti (UEH) visant à élire un nouveau recteur et des vice-recteurs, prévues ce dimanche 16 février, ont été reportées à une date ultérieure en raison d’un problème d’effectif. L’activité de vote s’est déroulée au local du Rectorat de l’Université d’État d’Haïti (RUEH) à Port-au-Prince, situé à la ruelle Rivière. Les doyens et les représentants des étudiants de différentes facultés étaient présents, y compris le recteur sortant, Fritz Deshommes. Cependant, ce dernier a participé en ligne alors qu’il aurait dû être en présentiel pour présider l’activité.

L’élection était prévue pour 10 h du matin au plus tard, mais à 12 h 30, aucun lancement n’avait encore eu lieu en raison d’un manque de quorum. Peu de temps après, la liste de présence a été vérifiée. 20 membres étaient présents sur les 22 attendus. Cette situation a une fois de plus retardé l’organisation d’une élection crédible au sein de l’UEH, empêchant l’installation d’un nouveau recteur à la tête d’une institution en perte de vitesse depuis quelque temps.

Sans langue de bois, le professeur Midas Millien, membre du Conseil Universitaire (CU), exprime ouvertement sa colère contre le recteur sortant, qu’il accuse de s’accrocher au pouvoir. « Gad modèl moun ki rive pwofesè ! Yo malonèt, yo konwonpi. Ki modèl etidyan yo fòme ? Nou pa t ap ka gen lòt peyi, paske se Inivèsitè a ki pwodui anpil nan dirijan nou yo. Dezòm ba nou kou a, kou a fè nou mal ! »

Le professeur Millien poursuit sa description accablante de l’état de l’Université d’État d’Haïti sous la direction de Fritz Desormes. « Gen yon pakèt pwofesè ak dwayen fakilte k ap viv anba vaz pise lakay Fritz Desormes. Yo pa gen okenn pozisyon yo ka pran san lòd rektè a, ki chita nan inivèsite a depi plis pase 24 lane. Se pou sa yo pa vle fè eleksyon an, paske yo vle kontinye vòlò lajan Leta a. » A déclaré le Neuropsychologue. 

Ce discours intervient après le doyen a.i de la faculté d’Ethnologie, Claude Mane Das, est allé chercher en vain la responsable de la faculté d’Odontologie, Chantale Noël. Selon le professeur Millien, celle-ci ne répond ni aux appels ni n’ouvre la barrière, restant enfermée dans un mutisme total. Il la qualifie de « femme domestique, soumise, qui ne fait qu’exécuter les ordres du recteur Fritz Deshommes. »

Parallèlement, en matière d’opportunisme politique, il faut mentionner que le doyen par intérim de la faculté d’Ethnologie n’est pas différent de Deshommes. Battu lors des élections du 15 janvier 2021, par Ilionor Louis, il a reconnu la victoire de son adversaire avant de contester les résultats sous l’influence de son mentor, Deshommes. Ainsi, il est resté maître de la faculté d’Ethnologie depuis sept ans, plongeant l’une des plus grandes facultés de la Caraïbe dans une crise sans fin.

D’autre part, le président du Conseil Universitaire (CU), le professeur Walex Pierre, souligne un problème structurel au sein du CU« Nous faisons face à une impasse récurrente. Ce même problème s’est posé dimanche dernier : l’absence de deux membres non prévus a suffi à bloquer l’élection pourtant planifiée. Fòk konsèy inivèsite a pran yon desizyon estrik pou n kapab rive fè eleksyon an, si non, menm pwoblèm sa yo ap toujou prezante. »

Face à cette situation qui persiste au niveau du rectorat, plusieurs professeurs dénoncent un comportement qualifié de « domestique, soumis, plat, irresponsable et corrompu. » Le professeur Midas Millien, particulièrement virulent, ne cesse d’exprimer son indignation en frappant sur les bureaux et en désignant du doigt le recteur Deshommes, qu’il considère comme l’un des plus corrompus de toute l’histoire de l’Université d’État d’Haïti.

Après plusieurs heures de discussion, le recteur a lancé un appel pour demander l’ouverture de la séance. Environ vingt personnes ont répondu présentes dans la salle de vote, dont une en ligne. Cependant, selon le recteur, cette dernière, bien qu’en ligne comme lui, devait être considérée comme absente, sans fournir d’explication convaincante. Cette déclaration a déclenché une vive polémique, poussant finalement la majorité des participants à quitter la salle, à l’exception des membres du Conseil Universitaire (CU), qui ont décidé d’organiser un huis clos.

Lors de cette assemblée restreinte, tous les assistants ont été priés de quitter la salle, à l’exception du professeur Poincy, l’un des candidats au poste de recteur et partisan de Fritz Desormes. Pourtant, il n’avait pas le droit d’y rester. Même les journalistes invités ont été contraints de sortir. Cette situation chaotique a une fois de plus conduit à l’annulation des élections, reportées à une date ultérieure.

La question des élections en Haïti demeure un problème ininterrompu, comme l’a si bien souligné Gérard Pierre-Charles. La crise qui secoue l’Université d’État d’Haïti n’est que le reflet de celle qui traverse le pays tout entier. On y retrouve les mêmes comportements, les mêmes promesses non tenues, où l’intérêt individuel prime toujours sur l’intérêt collectif.

Dans ce contexte, les véritables enjeux — le programme des recteurs, le niveau de diplôme, la recherche académique — restent secondaires, voire totalement absents du débat. Ce qui importe réellement, c’est la manière dont les votes sont répartis, voire négociés. En effet, à l’Université d’État d’Haïti, le vote est devenu une marchandise, dont la valeur dépend des intérêts en jeu. L’idée d’une université axée sur l’excellence académique, la recherche et l’amélioration du cursus reste une simple façade, un projet qui ne figure même pas dans les véritables préoccupations de l’UEH.

Par : James Antoine 

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