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Auteur : RTMI

Quand « SOS Journalistes » défend l’indéfendable

La suspension de l’émission Boukante Lapawòl de Radio Méga par le Conseil National des Télécommunications (CONATEL) le 22 novembre dernier, a suscité un débat houleux au sein de la presse haïtienne. Présentée par le journaliste Guerrier Henri, l’émission est accusée de promouvoir des discours dangereux en donnant une tribune à des criminels notoires, ce qui  constitue, selon le CONATEL, une violation flagrante des lois haïtiennes sur les télécommunications, notamment des articles 51 et 52 du décret du 12 octobre 1977.

Pour contourner cette décision, Boukante Lapawòl par l’entremise de son présentateur a changé de fréquence, passant de Radio Méga (103.7 FM) à UniFM (102.7 FM), une station déjà déclarée illégale par le CONATEL en 2022. Cette manœuvre, perçue comme une tentative de déjouer les réglementations, reflète une crise de responsabilité énorme dans certaines stations de Radio du pays. 

Dans ce contexte, l’organisation SOS Journalistes, menée par son secrétaire général Joseph Guyler C. Delva, a vivement critiqué la décision de CONATEL, dénonçant une atteinte à la liberté d’expression et une démarche autoritaire rappelant les horreurs du régime duvaliériste. En effet, l’organisation appelle à une mobilisation nationale à partir de ce 4 décembre pour exiger la reprise de l’émission et la défense de la démocratie.

Cette tentative de défendre l’émission Boukante Lapawòl, sans prendre le soin de mettre le confrère Guerrier Henri en face de ses actes, nous pousse à questionner le rôle fondamental de cette organisation.

 N’est-il pas périlleux de défendre les droits des journalistes tout en fermant les yeux sur leurs dérives, même lorsqu’ils franchissent le rubicon?

Peut-on légitimement invoquer la liberté de la presse pour cautionner des pratiques médiatiques qui exacerbent l’insécurité et divisent davantage une société déjà fragilisée ? 

Comment justifier qu’un journaliste puisse offrir une tribune à des bandits qui, d’ailleurs, s’associent en organisation de criminel, pour commettre des actes odieux et de terroriser une population sans défense ?

Non, messieurs ! La liberté d’expression, bien que cruciale, ne peut être absolue. Elle doit être encadrée par des principes d’éthique et de responsabilité, surtout dans un contexte d’état d’urgence.

Comme l’a souligné Analyse Média, l’équipe de l’émission a non seulement perdu en audience, mais aussi en crédibilité éthique en s’associant à une fréquence illégale.

Ainsi, une question légitime se pose : où est passée la Commission Nationale d’Éthique Journalistique (CONEJ) ? Lancée le 16 mai 2023, cette instance s’est donné pour mission de « défendre les droits et libertés des citoyennes et citoyens » en analysant et en sanctionnant les violations et fautes éthiques graves commises par les journalistes et autres travailleurs de la presse dans l’exercice de leur profession.

De plus, dans ses déclarations fondatrices, la CONEJ précisait ce qui suit :

« La Commission Nationale d’Éthique Journalistique (CONEJ) basera ses considérations et recommandations sur les termes du Code de déontologie des médias et des journalistes d’Haïti, ainsi que sur la Charte d’Éthique Mondiale des Journalistes, votée et reconnue par les journalistes professionnels du monde entier, et contenant toutes les règles éthiques et déontologiques auxquelles les journalistes doivent s’astreindre. »

En conséquence, cette mobilisation annoncée par SOS Journalistes, loin de renforcer la démocratie, aggrave la perception d’un « laisser-faire », un « lese grennen » médiatique qui profite aux criminels. 

Le véritable enjeu ici n’est pas seulement de protéger la liberté de la presse, mais de garantir que cette liberté serve l’intérêt collectif.  Dans un contexte où la sécurité nationale est constamment menacée, les médias doivent adopter une posture constructive et responsable, loin des propagandes et des manœuvres sensationnalistes qui mettent en péril la sécurité publique.

In fine, plutôt que de proposer un texte direct et incisif, nous aurions pu opter pour l’adage bien connu : « Les linges sales se lavent en famille. » Cependant, nous doutons sérieusement que cette approche inciterait à une véritable réflexion ou à une lecture attentive. Par conséquent, nous avons choisi de prendre le highway, une voie plus directe, avec l’espoir sincère que ce message, bien qu’appuyé, parviendra à toucher sa cible et suscitera une prise de conscience.

Bien à vous ! 

RTMI

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