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La presse haïtienne traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire.
Si autrefois on critiquait des journalistes des médias traditionnels pour les dégâts causés par leur obsession du scoop et leur pratique des pots-de-vin, les journalistes des médias sociaux, depuis quelques temps, ajoutent leur lot de problèmes; « des journalistes improvisés à fiabilité douteuse », « se réfugient dans le déni total du code déontologique du métier », ajoutant des présumés liens qu’ils entretiennent avec des terroristes.
Depuis quelques jours, des journalistes se retrouvent sous le feu des projecteurs, pris dans une chasse impitoyable menée par la Police nationale à travers la Direction centrale de la Police Judiciaire (DCPJ).
Le jeudi 15 août, les journalistes Banatte Daniel et Richelson Senelus ont été arrêtés près de l’hôtel Anvayi, à Carrefour Rita, dans un véhicule où des armes de grands calibres ont été découvertes. Yvener Sylla Phanor, ancien journaliste de Radio Télé Pacific, déjà arrêté en mars dernier pour ses présumés liens avec des groupes armés opérant dans la région métropolitaine de Port-au-Prince, se retrouve à nouveau au centre d’une tourmente judiciaire.
En effet, les récentes révélations de la DCPJ, dans un rapport daté du 15 juillet 2024, ont enfoncé davantage Phanor et impliqué d’autres journalistes, les désignant comme suspects, ajoutant ainsi une pression supplémentaire sur un secteur qui peine à maintenir son intégrité face à ces graves accusations.
Les documents révélés par la DCPJ montrent que Phanor ont collaboré de manière directe avec des figures notoires telles que Jimmy Cherizier, Vitelhomme Innocent, et Claudy Célestin alias Chen Mechan. Des conversations téléphoniques interceptées et des messages audio sur WhatsApp le montrent en pleine discussion avec ces chefs de gangs, discutant de projets violents, dont la tentative d’attaque contre le Palais national. De plus, il a joué un rôle clé au sein du réseau « VIV ANSANM », dirigé par Jimmy Cherizier, alias Barbecue, l’un des principaux leaders criminels de la capitale.
Lors de son interrogatoire, le natif de Martissant 23 a tenté de se justifier, affirmant que ses relations avec les chefs de gangs étaient strictement liées à ses activités de journaliste et de médiateur dans les quartiers difficiles. « J’ai collaboré avec eux dans le but de rétablir la paix au sein de la communauté, » a-t-il expliqué en ajoutant que son rôle en tant que journaliste
est de maintenir les lignes de communication ouvertes, même avec ceux que l’on perçoit comme des criminels.
Cependant, les enquêteurs ont découvert des éléments de preuve laissant supposer que les interactions de Phanor avec ces chefs de gangs allaient bien au-delà de simples relations professionnelles. Ces preuves incluent des échanges financiers avec des membres de gangs et l’arrestation de Paola Stimphyl, alias Pao, et de With-Michel Noël, alias Michelle. Les téléphones de ces derniers ont révélé des communications avec des membres influents du gang « 5 secondes ». Ces révélations, selon le rapport, ont toutes contribué à établir des liens plus profonds entre Phanor et les criminels.
Phanor mouille ses collègues, la DCPJ intensifie son enquête
La nouvelle a fait un bruit de tonnerre. Yvener Sylla Phanor, Alias Phalape, a fait des révélations explosives lors de son interrogatoire à la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ).
Après avoir admis ses fréquentes incursions dans les quartiers sous contrôle des gangs, ainsi que ses échanges réguliers avec plusieurs chefs criminels, Phanor est allé plus loin en livrant les noms de plusieurs de ses confrères de médias traditionnels et en ligne, impliqués dans des pratiques similaires. La liste qu’il a fournie a provoqué un véritable scandale dans le milieu médiatique : Yvenson Jourinvil ( Radio Zénith FM), Matiado Vilmé (VOA Kreyòl), Mackendy Victor, Stanley Jaccis, Manno et Machann Zen Ayiti, un média en ligne.
De ce fait, la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) a tout de suite recommandé l’émission de mandats d’amener à leur encontre. Une situation qui laisse présager une tempête judiciaire imminente dans le monde de la presse haïtienne.
Cependant, bien qu’une grande partie de la population soutienne les actions menées par la DCPJ, certains réclament davantage de transparence. D’autres, par contre, dénoncent ce qu’ils perçoivent comme un traitement inégal, affirmant qu’il est tout aussi nécessaire d’enquêter sur les journalistes étrangers qui se rendent régulièrement dans les territoires contrôlés par les gangs. « N’est-ce pas la même situation? » questionnent-ils en faisant référence à des médias tels que CNN et France 24.
Des présumés coupables ?
Malgré les graves accusations portées par la DCPJ contre ces journalistes, il est essentiel de rappeler que, jusqu’à preuve du contraire, ils restent des présumés coupables.
Dans la foulée, une question brûlante persiste : ces journalistes se rendent-ils dans les fiefs des gangs dans le cadre de leur profession, à l’instar de nombreux reporters étrangers ? Une interrogation à laquelle seule la justice, à travers des preuves tangibles, peut répondre.
Par conséquent, il est nécessaire de rappeler à ceux qui clouent déjà au pilori ces journalistes, comme s’ils avaient été formellement reconnus coupables, que tant qu’aucune preuve irréfutable n’a été présentée par la justice, leur innocence doit être présumée.
En dépit des pressions et des suspicions qui entourent ces affaires, il est crucial que le principe de la présomption d’innocence soit respecté, et que tout jugement soit fondé sur des faits avérés. Rien ne doit absolument compromettre ce principe fondamental de droit.
La presse haïtienne, un secteur à épurer
Depuis les années 2000, la presse haïtienne a amorcé une dangereuse descente vers les bas-fonds. Aux pratiques de corruption qui gangrènent le secteur depuis des décennies s’ajoutent désormais des soupçons encore plus sombres : certains journalistes seraient impliqués dans des activités criminelles, travaillant pour le compte de gangs armés ou entretenant des relations étroites avec des bandits notoires.
Ces accusations se font de plus en plus précises, avec des voix qui s’élèvent pour dénoncer des journalistes des médias sociaux recevant des paiements réguliers de figures criminelles telles que Barbecue, l’un des chefs de gang les plus redoutés du pays.
Face à cette dure réalité, il est désormais impératif que la presse haïtienne entreprenne une véritable épuration en son sein, afin de regagner la confiance d’une population de plus en plus méfiante. Il ne s’agit plus simplement de dénoncer les pratiques de corruption ; il faut aller plus loin et couper les liens entre le journalisme et le crime organisé. Cette tâche sera d’autant plus difficile en raison de l’absence d’un organe de régulation ou d’une politique publique relative au fonctionnement des médias.
Malgré tout, il serait injuste de ne pas reconnaître qu’il existe encore des journalistes qui résistent, avec courage, à la tentation de l’argent facile. Ces rares figures, qui continuent de défendre les valeurs du journalisme, représentent l’espoir d’un renouveau pour la presse haïtienne.
Leur travail, aussi discret soit-il, mérite d’être soutenu et encouragé, car c’est grâce à eux que l’intégrité du secteur pourra un jour être restaurée. Ce combat pour l’assainissement de la presse est loin d’être terminé, mais il est plus crucial que jamais pour l’avenir de l’information en Haïti.
Par : Wilsonley Simon
Références :
Good job
Merci beaucoup
Bon travail Wilsonley Simon pour ce travail remarquable.
Merci cher frère
Bon travail mon ami-frère !
Merci mon frère. 🙏
Pouse douvan pi piti👏
Mèsi gran frè. N ap vanse.
Bon travail mon chou
Merci sis.
Bon travail mon frère
Merci camarade.
Rien n’égale ton endurance
Merci WilSonley Simon🤝👍