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Dans une ville comme Aquin, où l’obscurité n’est plus un simple phénomène naturel mais un état permanent, où la boue après chaque pluie rivalise avec l’histoire glorieuse de ses pavés anciens, Monsieur le Maire adjoint a trouvé son combat : interdire feux d’artifice, klorat et autres pétards festifs. Un coup d’éclat… dans le vide.
Cette décision, signée de la plume de Renel Polot, aurait pu passer pour un geste noble dans un pays rongé par la violence.
Kote chak zòn ap tann men sòl pa yo nan men bandi teworis ki devni sèl mèt e Seyè. Elas !
Mais à Aquin, où les fatras saluent chaque passant et où l’électricité n’éclaire même pas les espoirs, ce communiqué ressemble davantage à un sketch mal écrit qu’à une politique réfléchie. Car enfin, interdire des feux d’artifice dans une ville où l’on ne voit jamais d’étoiles — ni dans le ciel, ni dans les rues — relève d’un cynisme tout à fait charmant, non ?
Et la place publique, ce joyau prétendument reconstruit pour 3 millions de dollars ? Elle n’est ni finie ni nettoyée. Pas de lumière, pas de vie. Et qui, dans cette ville à l’histoire cinq fois centenaire, se soucie de demander des comptes ? L’audit dort quelque part, probablement aussi bien enfoui que les vestiges de la place originale. « Ça fait rire mais c’est vraiment mal – e- reux » nan vwa pè Da.
Non, cher Maire adjoint, on ne détourne pas l’attention avec des interdictions déconnectées. Car, soyons honnêtes, le seul véritable feu d’artifice à Aquin, c’est l’explosion quotidienne des besoins non satisfaits. Des jeunes sans loisirs ni opportunités, des infrastructures qui n’existent que dans les rêves de leurs architectes, et une pauvreté qui oblige des milliers de personnes à choisir entre manger ou survivre. Mais bien sûr, interdire les feux d’artifice est la priorité du moment. Après tout, rien n’est plus dangereux pour l’ordre public que des pétards… sauf peut-être ces “vòlè dèyè manman” qui dépouillent les motards et pillent les récoltes des habitants.
Et que dire des marchés ? Le spectacle pittoresque de légumes exposés dans la poussière et la boue doit sûrement figurer dans une brochure touristique. Parce que, visiblement, organiser ces espaces pour les rendre salubres et dignes n’a pas encore été inscrit dans le carnet de priorités municipales.
Alors, quelle mouche vous a piqué ? La mouche de la distraction ? Ou celle, plus insidieuse, de la désinvolture ? À vous de choisir. Mais qu’on vous le dise tout de suite : l’histoire d’Aquin, celle que vos prédécesseurs ont bâclée, ne vous pardonnera pas de rester dans le déni.
Vous voulez interdire les feux ? Très bien, mais commencez par rallumer ceux qui s’éteignent dans le cœur de votre ville.
Chers aquinois, ne vous inquiétez pas ! À défaut de répondre à vos attentes, nos dirigeants maîtrisent l’art de détourner le regard… un feu d’artifice silencieux, mais tout aussi aveuglant.
Par : Wilsonley SIMON